dimanche 16 avril , Hammam et 143, rue du Désert

 

1/LE COURT

 Hammam

de Florence Miailhe

Florence Miailhe n’est pas une inconnue au Ciné-Get, en effet « les Zallucinés » l’ont accueilli l’an dernier, fin aout,  pour la projection de son long métrage « LA TRAVERSEE » Un film envoutant, aux sonorités particulières. Technique de la peinture sur verre, un must !

Deux jeunes filles se rendant pour la première fois au hammam vont nous guider et nous perdre…

Trente ans avant son premier long métrage La traversée, qui vient de faire le tour du monde, Florence Miailhe signait ce premier court, primé au festival d’Amiens et nommé aux Césars. Hammam est une plongée sensorielle au palais des mille et une nuits du soin. Une immersion en sons et en images dans le huis clos du temple du corps et de l’eau, côté féminin.

L’art pictural de l’animation, cher à la réalisatrice, inonde chaque photogramme. La fluidité des lignes, des traits, des silhouettes se double d’un chatoiement des mouvements et des couleurs. Comme dans les toiles de Matisse, la danse est en fête. Danse des enchaînements, enchevêtrements, surimpressions, avec des farandoles d’odalisques, et de ballets de voiles et de dévoilements.

L’originalité de l’aventure naît du mélange de linéarité narrative et de poésie pure. Deux femmes pénètrent le sanctuaire, avant de se fondre dans la masse charnelle et animée. Les rituels présentés, du bain au massage, de la douche au hammam, vont déboucher sur une grande fresque de motifs répétés à l’infini. Tout cela en rythme avec des musiques traditionnelles du Burundi comme avec Inta omri d’Oum Kalthoum. Envoûtant.

LE FILM

 143, RUE DU DESERT

de Hassen Ferhani

 

143 rue du désert,  film documentaire, comme un voyage immobile sur la Trans-saharienne…

d’Hassen Ferhani 1h40 – Algérie2020- avec Malika, Chawki Amari, Samir Elhakim

Une maisonnette perdue en plein désert sur la R1qui mène d’Alger à Tamanrasset, c’est là que vit Malika, c’est de là qu’elle observe le monde, en compagnie de son chat et de son chien. Elle sert des cafés, des omelettes, et surtout elle écoute, elle tient compagnie aux visiteurs. Cette vie elle l’a choisie et peu à peu elle nous livre des bribes de sa  vie « d’avant » ; elle n’a pas peur, sauf peut-être de l’implantation d’un supermarché…

Malika est ferme et bienveillante mais aussi très drôle, et elle a le courage de diriger seule ce commerce où se retrouvent soldats, routiers, voyageurs.

« Le lieu est aimanté, il donne envie d’y aller,d’y côtoyer pour un instant cette vie, sa vie, celle de Malika ».

Festival international du film de Locarno 2019 : prix du meilleur réalisateur émergent; Festival des trois continents 2019 : Montgolfière d’argent, prix du jury jeune et prix du public. Festival du film arabe de Fameck 2020 : mention spéciale du jury.  Festival du film méditerranéen Arte Mare 2020 : grand prix

Hassen Ferhani, né à Alger en 1986 réalise quelques courts métrages de 2006 à 2013 avant de se lancer dans le long métrage avec en 2016 « Dans ma tête un rond point », documentaire tourné dans les abattoirs d’Alger, lieu fermé où se côtoient la mort, le sang, mais aussi la poésie et l’imaginaire, développés par les hommes qui y travaillent.

Dans 143 rue du désert, il réitère l’idée d’une unité de lieu alors que son désir initial était de réaliser un road-movie, la rencontre avec Malika modifie radicalement son projet.

Il décide alors de faire un road-movie inversé ! La buvette de Malika sera le point fixe où les gens de passage, les routiers, vont s’arrêter et déposer leurs histoires…quelquefois comme des bouteilles à la mer…

Ce qu’il aime surtout c’est être « avec », mettre en place des dispositifs de discussion, filmer en quelque sorte ce qu’il appelle le « théâtre de la vie » où va se dessiner en creux le portrait de l’Algérie actuelle avec ses multiples couleurs.

Malika est un personnage d’une telle envergure, tout à la fois ferme et bienveillante, que nous ne l’oublierons pas de sitôt !

 « Dès que je suis renté chez elle j’ai su que mon film était là, que c’était « elle », cette dame de 74 ans, qui avait décidé d’ouvrir une buvette en plein désert. J’ai aimé ce lieu simple qui habite tant de choses, en plus du charisme et de la force de cette femme qui se tenait là dans un des plus grand désert du monde. C’est inouï ce qui peut se dire et se produire dans un espace de 20m2 comme échoué au milieu de nulle part ! La première chose qui m’avait frappé en rencontrant Malika, c’était Elle, assise, qui regardait la porte comme un écran de cinéma…et tout devenait matière a discussion, à fiction. J’aime beaucoup son rapport au désert, elle ne regarde pas autour d’elle, elle regarde le monde ; en tous cas c’est comme ça que je l’ai imaginée. Malika connaît toutes les routes de l’Algérie mais elle n’y a jamais mis les pieds : elle les connaît par les récits des routiers qui sont de passage et qui lui racontent toutes les routes, tout ce qu’ils voient sur leurs chemins… »

  Filmographie: -2006  Les baies d’Alger (CM); 2010  Afric Hôtel (CM); 2013  Tarzan, Don Quichotte et nous (CM); 2015 Dans ma tête un rond point; 2020  143 rue du désert

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