10 novembre – Le Mur en photos – De l’autre côté du Mur – Voisins

Dans le cadre du trentième anniversaire de la chute du Mur

1) Le Mur en photos

(On démolit : Photo Jacqueline Deloffre)

Exposition de photos d’époque

9, 10 et 11 novembre, salle Louis Astor (Centre Culturel Get)

en présence de l’auteure samedi 9 matin et lundi 11 toute la journée

Ne manquez pas l’article de Jacqueline Deloffre « En chute libre » dans notre rubrique « billets d’humeur »

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2) Film : De l’autre côté du Mur

de Christian Schwochow

Dimanche 10 novembre à 20h30 au Ciné Get de Revel

La démocratie est-elle synonyme d’épanouissement personnel ? Vaut-il mieux être un citoyen de seconde zone dans un pays libre qu’un esprit brillant dans une dictature ?

Date de sortie : 5 novembre 2014

Durée : 1h 42min

Réalisé par : Christian Schwochow

Avec : Jördis Triebel, Tristan Göbel, Alexander Scheer

Scénario de : Heide Schwochow

Genre : Drame

Nationalité : allemande

Fin des années 70, quelques années après la mort de son fiancé, Nelly décide de fuir la RDA avec son fils afin de laisser ses souvenirs derrière elle. La jeune femme croit à un nouveau départ de l’autre côté du mur, mais en Occident où elle n’a aucune attache, son passé va la rattraper…
La jeune femme va-t-elle enfin réussir à trouver la liberté ?

Le mérite du film tient à ce qu’il aborde un sujet rarement traité, celui du parcours du combattant que constituait l’émigration pour les Allemands de l’Est avant la chute du Mur de Berlin.

Outre son intérêt historique manifeste, De l’autre côté du mur, à travers la figure de la réfugiée dans un foyer –lequel ressemble au vrai camp de Marienfeld construit en 1953-, plonge l’héroïne dans une situation troublante : entre deux pays, deux temporalités (la hantise du passé, l’incertitude de l’avenir), elle se débat dans cette zone grise où les scrutateurs de l’Ouest et les délateurs de l’Est rivalisent d’inventivité pour brouiller les pistes et traquer les traîtres supposés.

Le film est adapté du roman de Julia Franck, « Lagerfeuer » (Feu de camp). Dans ce livre, l’auteure mêle son histoire familiale (très marquée par le nazisme, puis le fascisme en RDA) et la fiction, pour raconter le parcours d’Alice, dont le personnage est inspiré de sa grand-mère. Pour écrire ce roman, Julia a dû faire un grand travail de recherche, car son père est décédé avant de pouvoir lui raconter sa tragique histoire. Son roman répond à un questionnement sur l’identité pendant les guerres.

« Ce roman et ce film sont une métaphore pour de nombreuses personnes. L’émigration est source de beaucoup d’espoir, mais ce nouveau départ s’avère être beaucoup plus difficile que prévu – et ce particulièrement sur le plan émotionnel. Ces personnes pénètrent dans cet espace transitoire. Certains y sont encore aujourd’hui », explique le réalisateur. « Ainsi, j’ai réalisé que cette partie de l’histoire allemande était encore complètement méconnue. Quasiment personne n’était au courant que les services secrets interrogeaient les gens dans ces camps ».

Documentée et réaliste, la fiction dramatique n’apporte pas seulement un éclairage pertinent sur une période historique tendue, elle permet aussi de réfléchir sur les notions d’intégration et de citoyenneté, tout en soulevant cette question essentielle : qu’est-ce que la trahison pour qui ne sait pas (encore) à quel nation il appartient ? Pour les différents représentants des autorités, nul n’est plus suspect qu’un individu qui revendique des ‘raisons personnelles’ pour expliquer son départ de sa patrie d’origine.

Les mouvements brusques de la caméra saisissent les regards apeurés, les colères de l’héroïne, persuadée d’être toujours sous surveillance. (…) Jördis Triebel est une révélation dans ce rôle de femme blessée mais résiliente. Sa fermeté face « aux questions qui agressent », sa beauté solaire rappellent Nina Hoss, inoubliable dans le film Barbara, de Christian Petzold. Il y a une vraie puissance romanesque dans son énergie, sa soif de vivre une existence normale, enfin libérée des fantômes du passé… (Télérama, par Samuel Douhaire)

Ce récit a beau se dérouler à la fin des années 1970, il trouve une résonance actuelle pour les exilés d’aujourd’hui et leur parcours kafkaïen afin d’obtenir l’asile. (Studio Ciné Live, par Véronique Trouillet)

Rappel historique
1949 : naissance de la RFA et de la RDA
L’Allemagne, placée sous l’autorité des puissances victorieuses de la Seconde Guerre Mondiale, est divisée en deux blocs : Le bloc soviétique à l’Est, sous contrôle de l’URSS, appelé RDA (République démocratique Allemande) et le bloc occidental à l’ouest, sous contrôle des forces américaines, britanniques et françaises, appelé RFA (République Fédérale Allemande)…
1961 : construction du mur de Berlin
Afin de mettre fin à l’exode croissant de ses habitants vers la République Fédérale d’Allemagne, la RDA construit en 1961 le Mur de Berlin…
1972 : autorisation partielle de passage à L’Ouest
Les allemands de l’Est ne furent autorisés à voyager à l’Ouest qu’en 1972 mais leur nombre fut relativement faible. En effet, Ils devaient demander un visa de sortie et un passeport, payer des frais importants, obtenir la permission de leur employeur et subir un interrogatoire de police…
1989 : chute du mur de Berlin
L’affaiblissement de l’Union Soviétique et la détermination des allemands de l’Est qui organisent de grandes manifestations, provoquent le 9 novembre 1989 la chute du Mur de la honte, ouvrant la voie à la réunification allemande…

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Le court

Voisins

de Norman McLaren

Deux voisins s’entendaient parfaitement jusqu’au jour où une fleur eut l’idée saugrenue de pousser exactement à la limite mitoyenne de leurs deux propriétés. A qui la fleur ? C’est ainsi que tout a commencé…

Le Canadien Norman McLaren affirmait dès le début des années 1950, avant de décrocher la Palme d’or au Festival de Cannes pour Blinkity Blank, l’étendue de son génie avec Voisins. En pleine Guerre froide, sa parabole était d’une éclatante limpidité, mettant en scène deux individus se ressemblant étrangement et quittant rapidement toute coexistence pacifique pour s’approprier un trésor – une fleur apparue entre leurs maisons, en l’occurrence – et délimiter leur territoire, se provoquer, se bagarrer et entraîner leur monde dans un déluge de violence, d’atrocités et de destructions inéluctables.
Le péril atomique du moment planait sur cet épisode burlesque et au rythme montant en crescendo, au gré d’une habile utilisation du procédé de la pixilation. Le dénouement est édifiant et si le message pacifiste du réalisateur peut ainsi s’épanouir, de véritables audaces visuelles auront marqué sa narration, assez politiquement incorrectes – voir le sort réservé aux femmes et aux enfants par les belligérants. La fable aura malheureusement trouvé de multiples échos au long de la seconde moitié du vingtième siècle et bien au-delà, en Corée, au Vietnam, en Bosnie, au Rwanda ou en Ukraine.

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