21 octobre – La garçonnière – Quatuor

LA GARÇONNIÈRE

de Billy Wilder

Synopsis : C.C. Baxter est employé à la Sauvegarde, grande compagnie d’assurance. Dans l’espoir d’un avancement il prête souvent son appartement à ses supérieurs qui y emmènent leurs petites amies. Un jour le chef du personnel le convoque et lui apprend qu’il sait tout et lui demande aussi sa clé. Baxter est enfin promu. Mais ce qu’il ignorait c’est que le chef du personnel emmenait dans son appartement la femme dont il était amoureux.

Une comédie cynique proche du mélodrame. En effet, le rire se fait inquiet, la noirceur pénètre ce film parcouru par un profond désespoir.

Ce film représente une satire sociale des États-Unis pour le moins virulente. Il s’interroge sur les nombreuses tromperies que nous imposent une société et un monde du travail privilégiant ambition, argent et statut social. C’est un vieux projet que Billy Wilder voulait tourner depuis 1948, et rendu impossible à cause de la censure de l’époque. Ce n’est qu’en 1960 qu’il pourra enfin le réaliser après le célébrissime Certains l’aiment chaud.

Parmi les effets les plus réussis du film il faut souligner le brillant « coup du miroir », objet par lequel transite la révélation que Fran est la maîtresse de Sheldrake. Pas une ligne, pas un mot, mais une formidable efficacité dramaturgique.

 

 

Billy Wilder a tourné pratiquement en une seule prise la scène de la fête de Noël dans les bureaux de l’entreprise le 23 décembre 1959, à la veille des vacances, pour que les acteurs et les figurants puissent dégager plus facilement la bonne humeur qu’exigeait cette scène.

 

Par ailleurs, dans la scène où l’on découvre le « bureau de Baxter, Wilder et son chef décorateur (Edward G. Boyle) ont accentué l’effet de perspective en plaçant des enfants dans les rangs plus éloignés et des maquettes et mannequins en carton au fond – comme Jacques Tati dans Playtime.

 

 

Une scène culte : Le générique cadre une façade d’immeuble, la caméra s’élève progressivement vers la seule fenêtre illuminée. La musique d’Adolph Deutsch enfonce ses accords mécanisés à l’image de la chaîne humaine formée par tous les employés.

D’un plan général sur New York, par réduction successive du champ, Wilder abouti mathématiquement à ne cadrer qu’une seule personne isolée dans sa bulle de verre. Baxter s’identifie à sa machine à calculer, il hoche la tête à chacun de ses soubresauts. Il est comme mécanisé. Ce premier plan est également une des réussites de Trauner qui, jouant d’un simple faux plafond, crée un univers implacable où les employés ne sont que des rouages épinglés à leur machine…

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Le court

Quatuor

de Jerome Bonnell

Interprétation : Olivia Côte / Marc Citti / Yannick Choirat / Nathalie Boutefeu

Synopsis : En douce, un pianiste fait entrer sa maîtresse par la fenêtre de son salon. Son ami trompettiste lui sert d’alibi, jouant des deux instruments à la fois et couvrant ainsi l’incroyable vacarme de ses ébats. Entreprise risquée car l’épouse se trouve dans la pièce juste à côté. D’autant plus risquée quand on manque de souffle.

L’avis du programmateur : Quatuor est un mélange de Feydeau survitaminé et du meilleur burlesque muet. Les portes claquent, les amants entrent et sortent par les balcons, l’adultère est partout. Que du déjà vu, et trop souvent aux dépends du spectateur contraint d’assister à de pâles copies poussives. Sauf qu’ici, Jérôme Bonnell est derrière la caméra et Marc Citti ‘ entre autres ‘ devant. A eux deux, ils emballent le film : le rythme est effréné, le jeu des comédiens parfaitement maîtrisé dans un registre pourtant délicat. Résultat, Quatuor est hilarant d’un bout à l’autre, et le spectateur y perd autant son souffle que le trompettiste qui s’époumone à l’écran. La gestion de l’espace ‘ compliquée d’un point de vue de mise en scène dans un appartement aussi petit ‘ est digne de celle de la célèbre cabine du bateau des Marx Brothers, même si ici l’entassement humain y est moins probant. Le crescendo musical accompagne cet orgasme burlesque qui laisse comédiens et spectateurs à genoux.

Récompenses :

3ème Prix, Festival du film court d’Angoulème (Angoulème / France – 2010)
Grand prix du jury, Festival du court métrage d’humour (Meudon / France – 2010)

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