5 mars – No land’s song – Beach flags

Dans le cadre de la journée de la femme

En collaboration avec Amnesty International

NO LAND’S SONG

Date de sortie : 16 mars 2016

Durée : 1h 35

Réalisé par : Ayat Najafi

Avec : Sara Najafi, Parvin Namazi, Sayeh Sodeyfi…

Genres : Documentaire, Musical

Nationalités : Allemande, Française, Iranienne

Sara Najafi, jeune compositrice, défie les autorités iraniennes qui, depuis la révolution de 1979, interdisent aux femmes de chanter en solo devant des hommes. Féministe convaincue, elle prend tous les risques, avec ses amies chanteuses Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi en invitant trois artistes françaises, Elise Caron et Jeanne Cherhal et la tunisienne Emel Mathlouthi, à venir les rejoindre pour collaborer à leur projet musical, en initiant un nouveau pont culturel entre la France et l’Iran. La question est de savoir si elle pourront réaliser leur projet…

Sara Najafi est à l’origine en 2009 de ce combat contre l’oubli qui consiste à contourner la loi en organisant un concert officiel de chanteuses filmé par son frère, Ayat. Celui-ci a filmé les tractations avec les autorités pendant deux ans, souvent en caméra cachée. Les femmes n’ont pas le droit de chanter en public, du moins en soliste et devant un parterre composé (en partie) d’hommes, parce que les voix féminines « excitent beaucoup trop sexuellement les hommes » explique doctement un dignitaire chiite interrogé dans le film. Sara est habituée à monter des pièces de théatre, ce qui explique qu’elle est habituée à se confronter avec la censure. C’est une passionnée de musique, première femme diplômée en composition en Iran.

Le concert, primitivement prévu en mai 2013 n’a pu avoir lieu faute de visa pour les artistes qui devaient intervenir. En septembre, quelques mois après l’élection du président Rohani qui voulait donner un signe d’ouverture, il a pu enfin se dérouler. A peine trois cents personnes dont l’Ambassadeur de France ont pu y assister à l’Opéra de Téhéran,  mais ce fut dans une ambiance quasi secrète et rien n’a été relayé après. Lorsque Emel Mathlouthi chante, un vent de liberté souffle et sa seule présence devient un affront à tous les obscurantismes.

En 1924, la grande Qamar-ol-Moluk Vaziri a osé se produire en solo et tête découverte, brisant le tabou qui voulait que les femmes ne se produisent qu’uniquement dans les choeurs et voilées de la tête aux pieds avec une burqa. Après la Révolution Islamique de 1979, les femmes sont interdites de chant, y compris dans les choeurs. On raconte que Marzieh, la plus grande chanteuse perse après Qamar, allait parfois chanter près d’une cascade assourdissante pour ne pas perdre sa voix et s’entraîner sans que personne ne puisse l’entendre…

A la question : « Aujourd’hui, écouter une chanteuse soliste en Iran, c’est possible ? », Ayat Najafi répond : « Oui, d’autant plus qu’elles n’ont jamais été aussi nombreuses. C’est d’ailleurs toute l’ironie de l’histoire : après la révolution, les femmes ont certes dû se couvrir la tête, mais ont aussi accédé massivement à l’éducation, réservée auparavant à une élite et quelques femmes de l’entourage du Shâh. Au point qu’elles sont aujourd’hui majoritaires dans les filières musicales ! Certaines artistes acceptent de se produire officiellement, y compris dans des salles prestigieuses comme le grand opéra de Téhéran, devant un public exclusivement féminin – j’y suis personnellement opposé. Les autres se produisent seulement dans des cercles privés, voire underground, lors de concerts non officiels qui s’organisent dans les jardins et les cours, moyennant un bakchich à la police. D’autres, enfin, et ce depuis les années quatre-vingt dix, rusent avec le ministère de la Culture et de la guidance islamique qui délivre les autorisations pour les concerts, en annonçant officiellement des hommes à l’affiche, même si ce sont des femmes qui seront en réalité mises en avant. C’est ce qu’a fait ma sœur et c’est cette forme de résistance que mon film encourage. » (recueilli par Télérama)

Le film a obtenu de nombreux prix dans le monde entier : Canada, Etats-Unis, Allemagne, Espagne, Italie, France, Pologne, Grande-Bretagne, Pays-Bas…

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Le court

BEACH FLAGS

de Sarah Saidan

France, 2014, Animation, Couleur, Persan (VOST) – 13’39 -

Synopsis : Vida est une nageuse sauveteuse iranienne de dix-huit ans. Favorite dans son équipe,  elle est décidée  à se battre pour décrocher la première place à une compétition internationale en Australie. Mais, avec l’arrivée de Sareh, aussi rapide et talentueuse qu’elle, elle va être confrontée à une situation inattendue.

L’avis du programmateur : La condition d’une jeune fille dans l’Iran des mollahs, Marjane Satrapi l’avait déjà abordée avec succès dans Persépolis ‘ la série de bandes dessinées, puis le long métrage d’animation. Née en Iran l’année précédant la révolution khomeyniste, Sarah Saidan aborde la thématique à son tour, en inscrivant sa narration dans l’époque contemporaine et en trouvant sa propre originalité. Son graphisme, en premier lieu, apparaît très personnel, et sa grâce frappe d’emblée, jouant habilement du cadre social et culturel rigide en regard du sujet central de son film, plutôt inattendu : des jeunes filles s’entraînant pour un concours international de sauvetages en mer. Pas de maillots de bain, évidemment, pour ces audacieuses, mais des tenues couvertes jugées plus décentes et un voile, évidemment. La manière qu’a la réalisatrice de mettre à mal l’inepte tradition religieuse et l’oppression qu’elle fait peser sur les femmes est particulièrement fine, une rivalité sportive entre deux jeunes filles, Vida et Saleh, servant de prisme pour évoquer la question des mariages arrangés ou celle du refus de l’ouverture vers l’extérieur. C’est ainsi à tous les niveaux une vraie petite perle animée que cet aérien Beach Flags qui fait flotter le pavillon de la liberté.

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