15 juillet – L’An 01 – Omnibus

L’AN 01

de Jacques Doillon

avec le concours d’Alain Resnais et de Jean Rouch

« On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste ! »

Date de sortie : 22 février 1973

Durée : 1h 27min

Réalisé par :  Jacques Doillon, Alain Resnais, Jean Rouch

Avec : Cabu, François Cavanna, Georges Wolinski, Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Christian Clavier, Coluche, Romain Bouteille, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Miou-Miou, Martin Lamotte, Daniel Auteuil, Nelly Kaplan, Gébé, Marcel Gotlib, François Béranger, Professeur Choron, Jacques Higelin, Patrice Leconte…

Genre : Comédie

Nationalité : française

« Un mardi, à quinze heures, la population, lasse de la toute-puissance du capitalisme et des contraintes d’un mode de vie entièrement dévolu au profit et à la production, décide de déposer les armes de la guerre industrielle. Le mot d’ordre est lancé : «On arrête tout, on réfléchit», et les travailleurs de tous les corps de métier confondus abandonnent leurs occupations professionnelles pour, dans la rue, commencer une nouvelle vie. Bon enfant, ils chantent, flânent, s’aiment et se nourrissent des légumes qu’ils font pousser sur les trottoirs. Fermes, pourtant, ils bannissent la propriété, valeur suprême des nantis et des hommes d’affaires qu’ils décrient avec tant d’ardeur. Lesquels, affolés par la paralysie générale, se suicident en masse, tandis que s’étend à l’Amérique, à l’Afrique et au monde entier le mouvement de rébellion pacifique… » (Télérama)

« On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste… ». L’An 01 narre un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme. Financé grâce à la bonne volonté des lecteurs de Charlie-Hebdo, ce film reste emblématique de la contestation des années 1970.

« L’An 01 est un film d’auteur, mais c’est aussi un film « de Gébé » affirme sans ambages le cinéaste qui a conçu et réalisé le film sous le signe du spontanéisme puisque ceux qui, dans l’entourage de Gébé et de Doillon, ont eu envie de collaborer, ont pu donner leurs idées et les jouer. Ces trouvailles enfilées volontairement de façon fantaisiste composent ainsi une accumulation de saynètes de théâtre de rue conservées sous forme d’ébauches inachevées. Bien ancrée dans la mouvance de l’idéologie post-soixante-huitarde, L’An 01 est une parabole de Gébé traitée avec la désinvolture propre à lui conserver son aspect attrayant, sorte d’antidote du Tout va bien de Godard réalisé la même année, et faisant la nique à l’ennui pontifiant de l’essentiel du cinéma des collectifs militants (…) Fable « d’inspiration anarchisante, mettant l’accent sur un ras le bol » aux antipodes du « réalisme critique » à l’œuvre dans les diverses formes du cinéma engagé, L’An 01 tente de promouvoir de nouvelles valeur telles que le bonheur, le plaisir, la fête, le dialogue, les rapports humains, cette aspiration à changer la vie n’étant pas sans intérêt car assez neuve dans le cinéma. Si l’appel à l’imagination au pouvoir incitant à tout réinventer manque un peu d’enthousiasme de la part de ces gauchistes « sympa » entravés par un instinct grégaire style « tribu », le vaste chantier de cette table rase ne manque pas néanmoins d’apparaître assez vertigineux. L’état des lieux « zéro » induit en effet implicitement un gigantesque programme potentiel en balayant radicalement toute notion d’héritage. Il n’y a rien à garder, tout est à jeter et si l’on transpose le constat social et politique sur le plan du cinéma, cela voudrait dire « foin de Nouvelle Vague, de jeune cinéma ou de cinéma moderne, tout est à recommencer ! ». » (René Prédal, Jacques Doillon, trafic et topologie des sentiments)

« Le film narre un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme. La population décide d’un certain nombre de résolutions dont la première est « On arrête tout » et la deuxième « Après un temps d’arrêt total, ne seront ranimés — avec réticence — que les services et les productions dont le manque se révélera intolérable. Probablement : l’eau pour boire, l’électricité pour lire le soir, la TSF pour dire “Ce n’est pas la fin du monde, c’est l’an 01, et maintenant une page de Mécanique céleste” ». L’entrée en vigueur de ces résolutions correspond au premier jour d’une ère nouvelle, l’An 01. » (Wikipedia)

« Pendant toute la durée de réalisation du film, Gébé dessine, dans ses planches, le film en train de se faire, prolonge le travail, répond au lecteur, rend compte de l’enthousiasme général. Le film, c’est l’Utopie en train de se faire, L’An 01 qui commence. La bande dessinée, elle c’est le carnet, la mémoire de cette révolution en marche. Le monde entier participe au film. Le scénario paraît en feuilleton dans Charlie Hebdo. Ecologie, amour, refus des rapports marchands, réinvention de soi et de la société : et si L’An 01 commençait pour de bon ? » (« L’association », éditeur de la BD)

« Parmi les conséquences possibles, il faut mentionner des attitudes qui commencèrent à devenir de plus en plus courantes à partir des années 1970 : congés sans solde, années sabbatiques, passages à temps partiel « pour avoir le temps de se cultiver un peu », et sans doute aussi l’enthousiasme de plusieurs papy-boomers à accepter (voire à demander) une préretraite à 55 ans leur permettant juste de vivre au SMIC. » (Wikipedia)

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Le court (que vous n’avez pas pu voir lors de la séance précédente)

Omnibus

de Sam Karmann

En deux mots

L’incontournable Omnibus, lauréat des plus prestigieuses récompenses en 1992/93, en version restaurée !

Synopsis

Pour notre homme, l’armature de sa vie, c’est son emploi. Malheureusement, la clef de voûte de son emploi, c’est la SNCF. Qu’un jour celle-ci s’arroge le privilège de modifier ses horaires, et voilà que la vie de notre homme est bouleversée. La pluie tombe, l’hiver est triste, pourquoi faut-il en plus que l’enfer de notre quotidien soit pavé de bonnes intentions ?

Pour aller plus loin

Lauréat des plus prestigieuses récompenses en 1992/93, Omnibus est en quelque sorte devenu, au fil des années, la valeur-étalon du court métrage à chute et sa récente numérisation permet à sa version restaurée de connaître une seconde vie, si tant est que la première s’est jamais interrompue, tant son efficacité redoutable a évité les outrages du temps.

La mécanique irrésistible du scénario continue de déclencher les rires francs des publics qui, plus de vingt ans après sa réalisation, découvrent ou retrouvent la savoureuse mésaventure de ce Monsieur-Tout-le-Monde confronté brutalement à un changement d’horaires de son train quotidien, qui ne s’arrête plus à sa gare de campagne – ce qui promet de lui causer de sérieux dommages professionnels. Avec son regard de chien battu, le quidam parviendra à émouvoir le personnel du train pour que son problème trouve une solution et la manière dont le suspense est mené autour de cet objectif dérisoire – poser le pied sur un quai – parodie plaisamment les films d’action les plus ébouriffants.

Depuis, l’acteur Sam Karmann aura confirmé ses qualités derrière la caméra à travers plusieurs longs métrages reconnus, certes, mais pas autant que son Omnibus décidément éternel.

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