18 novembre – SOFIA – Règlement de contes

Dans le cadre de la journée contre les violences faites aux femmes

                          En présence de Jacqueline DELOFFRE,                                            (responsable nationale de la section femmes d’Amnesty International)

SOFIA

de Meryem Benm’Barek

Date de sortie : 5 septembre 2018

Durée : 1h 25min

Réalisé par : Meryem Benm’Barek

Avec : Maha Alemi, Sarah Perles, Hamza Khafif

Genre : Drame

Nationalités : française, qatarie, marocaine

 

Sofia, 20 ans, vit avec ses parents à Casablanca. Suite à un déni de grossesse, elle se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage. L’hôpital lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités…

Ce film met en scène le déni de grossesse d’une jeune marocaine contrainte d’accoucher sans être mariée. Une histoire assez commune au Maroc où les relations sexuelles hors mariage sont interdites par la loi. La réalisatrice témoigne : « C’est une situation forcément compliquée car la mère comme le père sont susceptibles d’être poursuivis par la justice et d’écoper d’une peine de prison. Du coup, le mariage est la seule issue possible. Mon histoire est née tout naturellement en me demandant comment un drame comme celui-ci pouvait être le révélateur du fonctionnement d’une société dans tous ses aspects ». 

Pour son premier long-métrage, Meryem Benm’Barek souhaitait une grande sobriété dans la mise en scène, à l’instar du cinéma d’ Asghar Farhadi, Nuri Bilge Ceylan ou encore cristian Mungiu qu’elle admire pour leur capacité à jouer sur le hors-champ sans jamais être ostentatoire : « Sofia démarre comme un thriller social avant de basculer vers l’étude sociologique. L’enjeu est moins de savoir qui est le père de l’enfant que de montrer la pression qu’impose une société qui ne conçoit pas une naissance sans mari. Du coup, le drame familial prend le pas et les jeux de pouvoir se font jour entre les personnages ».

Sofia et sa cousine Lena incarnent deux visages de la société marocaine, à la fois traditionnelle et tournée vers l’Occident. Elles ont grandi dans des milieux différents et leurs angoisses sont révélatrices du fonctionnement de la société marocaine. La réalisatrice développe : « Lena et Sofia n’ont pas le même point de vue sur cette histoire. Sofia est finalement plus consciente que Lena des enjeux sociaux et économiques liés à sa grossesse et à son mariage. Lena voit Sofia comme une victime alors que Sofia refuse d’être cette victime ».

Sofia est un portrait du Maroc d’aujourd’hui. La réalisatrice confie : « Je ne voulais pas faire un film qui parle seulement de la condition de la femme. Celle-ci est toujours montrée comme la victime d’une société patriarcale, or je ne crois pas que l’on puisse parler de la condition féminine sans parler de la société elle-même. La place des femmes se définit en fonction d’un contexte socio-économique : c’est ce que raconte Sofia ». 

L’action se déroule à Casablanca qui est la ville que la réalisatrice connaît le mieux au Maroc : « c’est la capitale économique du pays où la fracture sociale est d’autant plus visible. Tout le monde converge à Casablanca pour trouver du travail et essayer de progresser dans l’échelle sociale. Les différents quartiers qui composent la ville sont un parfait résumé de la société marocaine. J’ai filmé ceux qui étaient à mes yeux les plus adaptés à mon sujet : Derb Sultan où habite la famille d’Omar est un des quartiers les plus anciens et les plus populaires, le centre-ville où réside la famille de Sofia est dominé par une architecture coloniale qui raconte l’histoire du pays, Anfa où vivent Lena et ses parents est l’endroit qui concentre les villas et les grandes propriétés ».

« Sofia appartient à cette catégorie de films qui défient les bonnes manières de la critique : sa force réside dans son ressort dramatique ; or, celui-ci ne se détend qu’aux trois quarts de la projection, propulsant les personnages dans une direction inattendue, ouvrant des perspectives que le cinéma explore rarement. En dévoiler le mécanisme serait d’autant plus nocif qu’il ne s’agit pas ici d’un « twist » ludique, mais d’une invitation plus qu’énergique à regarder une situation, à la fois très marocaine et tout à fait universelle, en changeant radicalement de point de vue. » (Thomas Sotinel, Le Monde)

Prix du scénario dans la sélection « Un certain regard » au Festival de Cannes 2018

(Photos Wiame Haddad – Copyright Memento Films Distribution)

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Le court

Règlement de contes

de Matthieu Ponchel et Julien Cheminade

C’est la crise et papa fait ses comptes. Au bout du conte, l’un de nous devra partir !

Présenté en 2015 au Festival du court métrage d’humour de Meudon, une véritable référence en l’espèce, Règlement de contes joue au maximum de son extrême brièveté – il a été tourné avec un appareil-photo – et la tonicité de ses dialogues met en exergue son esprit savamment insolent, presque mal élevé, même, dans son choix de mettre en scène des parents indignes !

À l’époque du règne des enfants-rois, déterminer lequel de ses rejetons sera abandonné relève en effet d’une certaine audace, politiquement incorrecte et assez délectable… Des images comme celles des parents d’Hansel et Gretel ou ceux du petit Poucet reviennent naturellement en mémoire et cela tombe bien, puisque toute une variation autour des termes “conte” et “compte”, qui résonnent pareillement à l’oreille, est suggérée. Et ce sont bien des difficultés financières qui conduisent la famille à prendre ces mesures draconiennes, impliquant un dilemme d’autant plus cornélien que chacun des gamins a plus d’un tour dans son sac pour échapper au sombre dessein ! De quoi provoquer une chute aussi inattendue qu’incisive, bien sûr, dans ce “OK Corral” pour rire.

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