24 avril – Une aussi longue absence – Moi, j’attends

UNE AUSSI LONGUE ABSENCE

Date de sortie France 17 mai 1961 et reprise le 3 février 2016

Durée : 1h 38min

Réalisateur : Henri Colpi

Avec : Alida Valli, Georges Wilson, Paul Faivre, Pierre Parel…

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : Franco-italienne

 

« L’histoire de ma vie n’existe pas. Ça n’existe pas.
Il n’y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de lignes.
Il y a de vastes endroits où l’on fait croire qu’il y avait quelqu’un.
Ce n’est pas vrai, il n’y avait personne. » (Marguerite Duras)

Puteaux 1960 : Thérèse Langlois vit seule et tient un petit café. Son mari a été déporté pendant la guerre. Or un jour elle aperçoit un vagabond qui tourne autour de son établissement. Thérèse est émue et intriguée par cet homme qui ressemble étrangement à son mari…

Déchirante réflexion sur le doute et sur l’espoir obstiné d’une femme, au-delà de la logique, à la frontière de la déraison. Impossible d’oublier Alida Valli et Georges Wilson écoutant un air d’opéra, dans le café désert, devant un juke-box qui, soudain, prend des airs de scène de théâtre miniature.

Un fait divers authentique sert de point de départ à cette histoire tout en nuances. C’est un film un peu étrange, où, dans une atmosphère impressionniste, sans grands effets, les personnages, avec une difficulté obsédante, recherchent des traces de leur passé, l’éveil de la mémoire, des souvenirs perdus. Le thème est fréquent chez Marguerite Duras qui signe le scénario. (À la même époque, Resnais, dont Henri Colpi fut l’assistant, tourne l’Année dernière à Marienbad.)

Le scénario s’ancre dans une réalité forte, celle de la banlieue du début des années 60, une banlieue morne et industrielle, qu’un noir et blanc soigné scrute en nombreuses nuances de gris. Et dans ce paysage que des plans fixes déterminent, passe un clochard. La manière dont Colpi amène son personnage est remarquable : tout se passe comme si Albert-Robert gagnait en même temps que le regard de sa femme le droit d’être à l’écran ; simple silhouette dans la profondeur de champ, puis corps vu de dos, jusqu’à prendre une identité par le gros plan.

C’est un film sur la mémoire, sur l’incertitude, sur l’amour aussi, celui qui défie le temps. Colpi met cette histoire en images avec une certaine délicatesse et, à l’instar de Thérèse, il nous faut capter des bribes, nous avançons à petit pas, sans certitude. Le début du film exprime même une certaine vacuité et le film prend petit à petit de l’intensité pour devenir au final très émouvant. Loin de toute débauche de dialogues, Une aussi longue absence est un film très sobre. (Le Monde)

C’est Cora Vaucaire qui chante la chanson dans ce long-métrage d’Henri Colpi, chanson dont les paroles ont été écrites par Coppi, lui-même, et la musique par Georges Delerue.

L’adaptation d’Une aussi longue absence, le roman de Marguerite Duras, par Henri Colpi, avait tout pour marquer les esprits : un scénario cosigné par Duras elle-même, le Prix Louis-Delluc et la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1961, excusez du peu. Mais cette production franco-italienne est tombée dans l’oubli, jusqu’à cette ressortie en salles aujourd’hui.

Cinéaste rare, Henri Colpi a eu pour ce premier long-métrage une chance inouïe (scénario proposé par Marguerite Duras, multiples récompenses dont la Palme d’Or au Festival de Cannes et le prix Louis Delluc en 1961) en même temps que la malchance de tomber dans le début de la Nouvelle Vague et d’attiser les haines entre ses partisans et ceux de la « Qualité française ». Le film n’a donc pas eu le succès escompté et le cinéaste n’en a  réalisé que quatre. On mesure en revoyant Une aussi longue absence l’injustice d’un tel traitement car tout ici, de l’interprétation à la mise en scène, de la musique au montage, est passionnant.

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Le court

Moi, j’attends

de Claire Sichez

France, 2013, Fiction/Animation, Couleur, Français.  – 05’00 -

Synopsis : C’est une histoire simple et aigre-douce, une histoire qui touche à tout âge, que l’on a envie de garder en soi comme un secret, une histoire porteuse de plein d’émotions, une histoire que, finalement, on veut partager avec tout le monde : c’est l’histoire de la vie.

L’avis du programmateur : Moi, j’attends repose sur une idée visuelle magnifique et tellement évidente que l’on se demande pourquoi nul ne l’avait eue auparavant : à l’écran, un fil rouge assure littéralement sa fonction en déroulant rien moins qu’une existence. Il prend ainsi de multiples aspects correspondants à divers évènements, quotidiens ou exceptionnels, d’une vie, des plus joyeux aux plus graves, d’une bavette d’enfant à un tuyau de perfusion, en passant par le cordon ombilical d’un bébé providentiel. L’écarlate de la couleur ressort d’une base de dessin animé très simple, en ligne claire noire sur fond blanc, tandis que l’autre atout majeur du projet en assure la réussite, à savoir un brillant jeu avec les mots. La voix off en a été confiée à André Dussollier, l’une des plus belles voix de narration du cinéma français, comme chacun sait depuis Amélie Poulain. Ici, il égrène toutes ces choses qu’il est possible d’attendre, au fil des années qui passent, ce que traduit un doux mouvement de traveling latéral. Et l’on passe, en un clin d »il, de la magie d’un Noël enfantin au drame du partenaire qui s’en va et dont on espère qu’il n’a pas trop souffert… Le ton se fait ainsi tour à tour léger et poignant, une petite animation a priori sans prétentions prenant une portée existentielle. Et Claire Sichez, ancienne élève de la Poudrière, de débuter par un coup de maitre…

Carrière du film :
Festival du Film d’Animation (Marignane / France – 2014)
Off courts (Trouville-sur-Mer / France – 2014)
BUSHO – Budapest international short film festival (Budapest / Hongrie – 2014)
Cinanima Festival international de cinéma d’animation (Espihno / Portugal – 2014)
Animatou (Genève / Suisse – 2014)
Festival national du film d’animation (Bruz / France – 2014)
Festival international du film d’animation-Fantoche (Baden / Suisse – 2014)
Festival du cinéma d’animation ‘Les nuits magiques’ (Bègles / France – 2014)
Festival international du film pour enfants (Chicago / Etats-Unis – 2014)

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