20 novembre – Difret – Tasnim

DIFRET

en présence d’Amnesty International

 

Date de sortie : 8 juillet 2015

Durée : 1h 39min

Réalisé par : Zeresenay Mehari

Avec : Meron Getnet, Tizita Hagere, Haregewine Assefa

Genre : Drame

Nationalité : Éthiopien

 

A trois heures de route d’Addis Abeba, Hirut, 14 ans, est kidnappée sur le chemin de l’école: une tradition ancestrale veut que les hommes enlèvent celles qu’ils veulent épouser. Mais Hirut réussit à s’échapper en tuant son agresseur. Accusée de meurtre, elle est défendue par une jeune avocate, pionnière du droit des femmes en Ethiopie. Leur combat pour la justice commence, mais peut-on défier une des plus anciennes traditions ?

En langue amharique, le mot « difret » a un double sens. Dans son usage courant il signifie « courage » et sa traduction la plus proche en anglais c’est « to dare » (« oser », en français). Mais en amharique, il peut aussi sous-entendre « le fait d’être violée ».

« Difret est le premier long métrage de Zeresenay Berhane Mehari. C’est incontestablement une œuvre dont le point de vue féministe éclate avec force et sincérité. Le cinéaste a tenu par ailleurs à ce qu’elle soit un film entièrement éthiopien. De ce fait, il a refusé toutes les propositions de productions américaines et européennes (qui lui imposaient des « stars » pour tenir les rôles principaux), afin de tourner dans des décors naturels en Éthiopie et avec des acteurs et des techniciens éthiopiens. Pour incarner Maeza, Zeresenay Berhane Mehari a choisi une des comédiennes les plus populaires en Éthiopie, Meron Getnet. Cette lumineuse actrice est connue notamment pour ses rôles dans des comédies sentimentales et dans les séries de télévision à grand succès. Elle a mis toute son intelligence et sa sensibilité dans le personnage de Maeza. Le cinéaste évoque, en revanche, les difficultés qu’il a eues pour trouver la jeune fille devant jouer le rôle de Hirut – car il existe fort peu de jeunes comédiennes en Éthiopie. Il a fini par rencontrer, dans un atelier-théâtre d’une école, Tizita Hagere, qui est tout simplement étonnante de justesse dans un rôle aussi périlleux. La direction d’acteurs est par ailleurs remarquable et Zeresenay Berhane Mehari réussit à capter magistralement tous ces beaux visages qui s’inscrivent aussi bien dans des intérieurs très soignés que dans la douceur de paysages éthiopiens s’étendant à perte de vue. » (A voir, à lire)

Difret est inspiré d’une histoire vraie. Celle qu’a vécue Aberash Bekele, une jeune Ethiopienne, en 1996. Il est en partie produit par l’actrice internationale Angelina Jolie qui confirme, à cette occasion, son engagement humanitaire et son amour pour l’Ethiopie.  Elle déclare : « Ce film représente un moment fort dans le rayonnement artistique de l’Ethiopie ! Il s’appuie sur la richesse de la culture éthiopienne et montre comment d’importants progrès juridiques peuvent être réalisés dans le respect de la culture locale. C’est une histoire qui donne de l’espoir pour l’avenir de l’Ethiopie et pour d’autres pays où d’innombrables filles grandissent sans pouvoir faire appel à la loi pour les protéger, et qui montre comment le courage d’individus peut éveiller la conscience d’une société« . Ce film aurait-il vu le jour si elle ne l’avait produit ? La question se pose d’autant plus que le sujet — la lutte des femmes contre les traditions patriarcales — n’a rien d’une affaire entendue. Comme l’héroïne de cette histoire, des mineures sont encore mariées de force dans certaines régions d’Ethiopie.

Pour le réalisateur, le but de ce film était avant tout de mettre en valeur aux yeux du monde le parcours de ces deux femmes et comment elles ont essayé de bouleverser l’ordre établi : « En faisant mes recherches, je me suis aperçu que si ces deux femmes avaient contribué à bousculer les mentalités en Éthiopie, elles étaient aujourd’hui plus ou moins tombées dans l’oubli. Grâce au film, on pouvait donner une deuxième vie à leur combat et sensibiliser de nouvelles générations à leur action, d’autant plus que le gouvernement actuel est très focalisé sur les problématiques liées aux femmes. »

Depuis le combat mené par ces deux femmes, la situation a beaucoup évolué en Ethiopie. Ainsi, les enlèvements et les viols sont désormais passibles d’une peine de prison de 15 ans. Par ailleurs, Zeresenay Mehari n’a eu aucun mal à réaliser des recherches auprès des autorités locales : « Les différentes administrations et ministères m’ont ouvert leurs portes et autorisé à consulter tous les documents dont j’avais besoin, y compris les rapports judiciaires. » Pour lui, il n’était absolument pas question de tomber dans un quelconque manichéisme. Il souhaitait comprendre ce qui pousse les personnages à agir comme ils le font, que ce soit les conservateurs ou les militants progressistes : « Je tenais à inscrire le film dans le contexte de l’Éthiopie de l’époque, sans que mon propre regard influence le point de vue du spectateur. »

En 2014, Difret a été remarqué et primé dans nombre de festivals, aussi bien à Berlin, Genève, Montréal, Sundance (prix du public) ou Valenciennes… Sa diffusion en Europe et aux États-Unis est assurée en 2015.

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Le court

Tasnim

de Elite Zexer

Israël, 2010, Fiction, Couleur, Arabe (VOST) – 12’00

Synopsis : Tasnim est une fille de dix ans au caractère bien affirmé. Elle habite avec sa mère et ses frères et soeurs dans un village bédouin perdu dans le Néguev. Lors d’une visite surprise de son père, elle est forcée de se rendre compte qu’elle n’est plus la petite fille à son papa.

L’avis du programmateur : Tasnim a connu dans les festivals du monde entier un large succès, d’autant plus remarquable qu’il s’agit là d’une oeuvre d’école. La réalisatrice israélienne a su toucher à des sentiments universels, à travers son personnage principal, une fillette abordant l’âge de la pré-adolescence et se heurtant à la réalité du monde des adultes. L’espace masculin est représenté par ce Shig où toute présence féminine est mal vue : on devine que Tasnim pouvait y servir le café à son père et ses amis lorsqu’elle était petite ‘ comme sa soeur, aujourd’hui ‘ mais qu’on la considère désormais comme à la veille de devenir une femme. La fillette a logiquement du mal à comprendre le changement des regards portés sur elle et choisit de se rebeller. Et elle aura sans doute autant de défiance à abandonner la (relative) liberté de l’enfance et les parties de foot qu’elle dispute au milieu des garçons (en semblant être particulièrement douée, d’ailleurs). La condition féminine en terre islamique est un sujet toujours fertile pour le cinéma (voir aussi le long métrage saoudien Wadjda en 2013) et ce court métrage le nimbe d’un parfum d’insoumission qui semble salutaire.

Carrière du film :
Festival national et international du court métrage (Clermont-Ferrand / France – 2011)
Off courts (Trouville-sur-Mer / France – 2011)
Festival Aye Aye (Nancy / France – 2011)
Nuits méditerranéennes du court métrage (Corte / France – 2011)
Festival du court métrage pour jeune public (Stains / France – 2011)
Festival international de court métrage (Oberhausen / Allemagne – 2011)
Festival international du film pour enfants (Chicago / Etats-Unis – 2011)
Festival international du court métrage de Sao Paulo (Sao Paulo / Brésil – 2011)
Festival International du film pour la jeunesse et l’enfance (Giffoni / Italie – 2011)
Festival international du court métrage (Aspen / Etats-Unis – 2011)
Festival international du film (Vancouver / Canada – 2011)
Prix Cinécourt CinéCinéma Festival international de cinéma méditerranéen (Montpellier / France – 2010)

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