Réalisé par Juan José Campanella
Avec Ricardo Darin, Solledad Villamil, Pablo Rago, …
Genre : Drame
Nationalité : Argento-espagnole
1974, Buenos Aires. Benjamin Esposito enquête sur le meurtre violent d’une jeune femme. 25 ans plus tard, il décide d’écrire un roman basé sur cette affaire « classée » dont il a été témoin et protagoniste. Ce travail d’écriture le ramène à ce meurtre qui l’obsède depuis tant d’années mais également à l’amour qu’il portait alors à sa collègue de travail. Benjamin replonge ainsi dans cette période sombre de l’Argentine où l’ambiance était étouffante et les apparences trompeuses…
Le film est récompensé en 2010 par l’un des Oscars les plus convoités: celui du Meilleur Film Etranger. C’est la deuxième fois que l’Argentine reçoit cet honneur, malgré sept nominations, la première fois étant en 1986 pour le film L’ Histoire officielle. Dans ses yeux a décroché le Goya du meilleur film hispano-américain tandis que l’actrice principale, Soledad Villamil a été récompensée pour sa prestation par celui du Meilleur Espoir Féminin.
Le scénario de Dans ses yeux est adapté de « La Pregunta de sus ojos », roman de l’auteur argentin Eduardo Sacheri. L’écrivain a d’ailleurs travaillé avec le réalisateur Juan José Campanella sur l’adaptation cinématographique de son roman. Le cinéaste raconte : « J’ai alors décidé de rencontrer Eduardo Sacheri pour lui demander s’il accepterait de collaborer avec moi. Il a travaillé pendant longtemps dans le domaine judiciaire et connaissait donc bien le vocabulaire technique. Mais je voulais que l’on s’amuse à déconstruire le roman et pas qu’il défende chaque mot, chaque phrase de son livre et ça a plus que bien fonctionné! Il a même fallu que je le freine parfois. Mon but était de poser cette question: cet homme qui marche vers nous, que sait-on de lui? Qu’apprendrait-on de lui si on avait tout à coup un gros plan sur ses yeux? Quels secrets nous raconteraient-ils? »
L’ambiance est toute en retenue, pleine de non-dits. Et c’est par la suggestion que transparait le mieux la frustration des enquêteurs désabusés et consternés face à un système où règnent manipulations et corruption. Le tempo frise la perfection. C’est peut être le secret de la réussite de ce film. Les temps forts et les temps faibles sont magnifiquement exploités, entre l’angoisse lors de la traque du tueur et la profondeur des relations humaines. Le spectateur a le temps de s’imprégner de l’ambiance, de se plonger dans le récit, de s’attacher aux personnages et surtout… de réfléchir.
Le traitement du film, avec cette touche latine pleine d’une passion non exaltée mais qui anime les tripes des personnages (pour ne pas dire les cojones), apporte une subtilité, une qualité des seconds rôles qu’une production hollywoodienne aurait laissées de côté. Bien que le dénouement soit un tout petit peu décevant car trop précipité, la puissance de ce long-métrage laisse une impression très forte sur le spectateur au point d’avoir envie de rester avec ces personnages attachants. Brillant !
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Le court :
Les yeux de la tête
de Pierre Mousquet , Jérôme Cauwe
Synopsis : John, un grand acteur américain, alors qu’il joue amicalement un trou au golf en France, reçoit une balle en pleine figure et perd un oeil. Il peut cependant compter sur l’excellence de la médecine européenne et l’émergence de l’économie chinoise…
L’avis du programmateur : C’est une noirceur peu commune dans le champ de l’animation qui frappe d’abord dans ce premier film au trait aussi peu amène que son propos est violent. En décrivant un mécanisme d’oppression nord-sud où les nantis profitent toujours des injustices et des drames frappant les plus pauvres, le film ‘ dérangeant ‘ affiche un cynisme qui redouble en fait celui du sinistre médecin, manipulateur et vendeur d’organes, qu’il met en scène. Même si le constat est glaçant, le sens de la caricature des deux auteurs nous autorise à rire du pire. C’est une maigre consolation’