5 mai – Fraise et chocolat – Le mur

FRAISE ET CHOCOLAT

de  Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio

            Ce film a obtenu le Grand Prix du Jury (Ours d’Argent) à la Berlinade 1994            ainsi que de nombreux autres prix à Cuba et dans le Monde entier et une nomination aux Oscars.

Date de sortie : 1993 / 1994

Date de reprise : 8 août 2018 (Version restaurée)

Durée : 1h 51min

Réalisé par :  Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio

Avec : Jorge Perugorria, Vladimir Cruz, Mirta Ibarra

Genre : Comédie dramatique

Nationalités : américain, espagnole, mexicaine, cubaine

La Havane, 1979. David, un jeune étudiant cubain, ne doute pas de la validité des idéaux castristes. L’amour lui semble plus contestable. Vivian, la femme qu’il courtisait, ne vient-elle pas d’épouser un autre homme ? Désappointé, David erre dans la ville et finit par rencontrer Diego. Il préfère la glace au chocolat, Diego choisit la fraise. Mais qu’importent les différences, pourvu qu’on ait le souci de se comprendre ! Diego emmène David chez lui et l’introduit dans son univers d’artiste homosexuel. D’abord choqué, David retourne pourtant chez Diego, avec l’intention d’espionner ce dangereux délinquant contre-révolutionnaire…

A sa sortie, le film eut un grand retentissement dans le monde du cinéma où il incarnait la vitrine d’un cinéma cubain trop longtemps tenu éloigné des circuits de diffusion traditionnels. Tomas Gutierrez Alea, gravement malade (il n’a plus rien à perdre), était alors le cinéaste officiel du régime et il intervenait alors qu’une crise politique traversait Cuba au début des années 1990, depuis la chute du bloc communiste. En 1993, l’Organisation Mondiale de la Santé venait de retirer l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Le pays avait l’absolue nécessité de faire rentrer des devises et, pour ce faire, il décida de s’ouvrir au tourisme. Il devait donc, entre autres, afficher de la tolérance vis-à-vis de l’homosexualité. Les partisans de la Révolution virent dans le film une manifestation de la tolérance du régime.

Abordant une série de sujets jusqu’alors tabous pour le public de l’époque, au point qu’on a estimé qu’il y avait un avant et un après Fraise et chocolat, le film entrecroise les questions de sexualité, y compris le machisme et la place de la femme, avec les doutes qui pouvaient surgir dans l’esprit des déçus de la révolution castriste. Il défie en quelque sorte la censure et il doit son existence à la personnalité de son réalisateur. Celui-ci porte un regard plein de nostalgie sur La Havane face au gachis de toutes ces beautés. Il porte ainsi un regard bienveillant sur toutes les forces qui inervent le pays. Il montre qu’une amitié est possible entre un marginal homo et un jeune communiste hétéro, que chacun peut faire ce qu’il veut et ainsi que Cuba est plus libre qu’il n’y parait.

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Le court

Le mur

de Samuel Lampaert

Film muet, comédie, fiction, Belgique, 2015, 10′

Hong-Kong. Une multitude de hautes tours d’immeubles en béton, sans personnalité. À l’intérieur, des studios étroits dans lesquels vivent des anonymes repliés sur eux-même, jusqu’au jour où Chung, célibataire, décide d’accrocher un cadre au mur.

Le mur figurait, dans la catégorie court métrage, parmi les finalistes des trophées du cinéma européen en 2015, mais puise son inspiration loin du vieux continent, entraînant le spectateur en Extrême-Orient, au cœur de la géographie urbaine des mégapoles asiatiques. La caméra cadre en l’occurrence dès le premier plan les hautes tours, serrées au maximum, de Hong-Kong. L’ultime concentration d’habitants dans les gratte-ciels est immédiatement synonyme de solitude, chacun menant une vie des plus ternes dans la totale indifférence de ses voisins.

C’est une thématique fertile pour le court métrage qui est ainsi abordée, depuis le fameux film de ce titre signé Norman McLaren jusqu’au délirant Flatlife animé de Jonas Geirnaert en 2004. Le scénario conduit évidemment ici à la rencontre de deux de ces individus lambda vivant de chaque côté d’une cloison en s’ignorant jusqu’alors et le cinéaste belge joue de l’imagerie du cinéma chinois, notamment autour d’un repas partagé, pour trousser sa fable d’une possible interaction, d’une microscopique avancée d’humanité, sur un mode de comédie conduisant à une chute attendue : que pourrait bien devenir l’équilibre d’une bonne entente à deux en passant à trois protagonistes ?

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