1er avril – Les complexés – Je suis un OGM

LES COMPLEXES

de Dino Risi, francisco Rossi et Luigi Filippo D’Amico

Date de reprise : 10 mai 2017 – Version restaurée

Date de sortie : 1965

Durée : 1 h 45

Réalisateurs : Dino Risi, Franco Rossi, Luigi Filippo D’Amico

 

 

 

 

Avec : Nino Manfredi, Alberto Sordi, Franco Fabrizi, Ugo Tognazzi

Genre : Comédie

Nationalités : française, italienne

Le contexte du film (par Cécile) :

Depuis 1958, c’est le « boom », voire le « miracle » économique en Italie. C’est une période charnière qui marque la fin des privations, de la survie d’après-guerre pour un autre mode de vie : les Italiens deviennent des consommateurs de plaisirs immédiats.

Malgré tout, il règne dans l’Italie des années 60de nombreux problèmes d’ordres politique et sociaux. Le gouvernement est instable et la Démocratie Chrétienne est omniprésente. La régionalisation se développe. Une série d’attentats commence en 1969 avec les Brigades Rouges qui poursuivent des actions et l’extrème-droite qui tente de prendre le pouvoir. Le pouvoir de la Mafia est tel qu’il corrompt l’Etat.

L’industrie du cinéma, elle, se porte très bien et est reconnue dans le monde comme l’une des plus vivante. Le coût de production d’un film est moindre à Cinecitta qu’à Hollywood. On y réalise plus de 200 films par an jusqu’en 1976. Le public est là, les salles ne manquent pas de spectateurs. Rome est devenue la capitale du cinéma : les stars s’y rassemblent.

On constate un équilibre entre les films d’auteur et les films de genre. Propice à une diversité des genres, on verra s’épanouir le cinéma politique, naître le genre populaire, le film d’épouvante, le « western spaghetti »… et, bien sûr, la comédie à l’italienne !

Si la comédie à l’italienne de cette décennie a marqué, c’est parce qu’elle a contribué à faire évoluer les moeurs et les mentalités. La dérision, la satire et l’humour noir sont les caractéristiques du genre et les meilleures armes de la comédie à l’italienne positionnée contre l’Etat, contre l’Eglise, contre certains types d’individus et contre les tabous qui empêchent la libéralisation de moeurs. On se souviendra de « La dolce vita » de Federico Fellini qui fit scandale à sa sortie.

Les trois réalisateurs qui ont composé ce film à sketches ont contribué à cette évolution et ont marqué l’époque. Il faut souligner que le film à sketches était aussi une pratique couranteentre 1950 et 1960.

Le synopsis :

Trois personnages complexés se débattent avec leurs angoisses dans trois situations aussi variées qu’amusantes. «Une journée décisive». Quirino Raganelli, trop timide, ne parvient pas à déclarer son amour à la belle Gabriella. – «Le complexe de l’esclave nubienne». Le professeur Beozi, député respectable, découvre que sa femme s’est montrée nue dans un film. Il tente de détruire les bobines, et se trouve encore davantage compromis. – «Guglieni, dents longues». Un candidat à la dentition chevaline participe à un concours de speaker à la télévision italienne…

Une journée décisive (Una giornata decisiva)

Raganelli compte bien profiter d’un voyage d’entreprise pour dévoiler sa flamme à Gabriella. Celle-ci se montre réceptive, mais à force de tergiversations et reculades Raganelli va se retrouver entre les bras d’une autre, dont il n’est pas du tout amoureux.

 

Le Complexe de l’esclave nubienne (Il complesso della schiava nubiana)

Apprenant que son épouse a jadis tenu un petit rôle d’esclave nubienne dénudée dans un péplum, le puritain professeur Beozi tente de réparer cet impair en récupérant le film de la scène en question. La scène ayant été censurée, il doit aller le chercher dans les archives de la censure.

 

Guillaume « Dents longues » (Guglielmo il dentone)

Une chaîne de télévision organise un casting pour sélectionner le nouveau présentateur du journal télévisé. Bertone réussit tous les tests, mais sa denture chevaline pousse le jury à vouloir l’éliminer sans lui en révéler la cause. Bertone se révèle inébranlable. « Signé du peu connu Luigi Filippo D’Amico (et ce n’est pas un pseudonyme), [ce dernier sketch] est vraiment jubilatoire avec un Sordi en pleine forme. [Il] mérite vraiment d’être vu, c’est l’une de ces petites perles de la comédie italienne. » (blog, Le Monde)

« Les Complexés n’est pas le plus connu ni le plus célébré du très populaire genre du film à sketches durant l’âge d’or du cinéma italien, ce film s’en avère pourtant un superbe fleuron. Dino Risi côtoie les plus méconnus Franco Rossi et Luigi Filippo D’Amico dans une œuvre explorant de manière cynique, grotesque et pathétique les complexes de l’homme moderne, et italien plus précisément. Ce mâle italien pétri de défauts se verra incarné tour à tour par trois des stars du quintette magique à savoir Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et Alberto Sordi, sur des récits écrits par la fine fleur de la comédie italienne comme le duo Age/Scarpelli, un Ettore Scola encore simple scénariste ou un Alberto Sordi coscénariste sur son sketch. » (Justin Kwedi, dvdclassik.com, 5 février 2014)

« L’un des clichés les plus persistants sur le film à sketch veut qu’il soit forcément inégal ; on est tenté pour une fois de louer la qualité de l’ensemble, même si notre goût nous porte davantage vers celui de Risi, sans doute le mieux écrit. Pourtant les deux autres ne déméritent pas, malgré la notoriété moindre de leurs auteurs ; c’est que leur longueur relative permet une expression plus large et évite en grande partie les facilités.
Trois histoires donc, dont le vague point commun est un complexe, mais surtout trois variations sur la société italienne des années 60, entre puritanisme, importance grandissante de la télévision, et surtout poids des élites et des abus de pouvoir : Ugo Tognazzi offre des oléoducs à l’Égypte pour récupérer le film dans lequel joue sa femme puis expédie un journaliste à Moscou, la société de Nino Manfredi est convoquée par son dirigeant pour un éloge obligé. Le comité chargé de recruter un présentateur, s’il échoue in fine à recaler Alberto Sordi à cause de ses longues dents, a tout tenté pour le faire, favorisant à outrance un concurrent. Le pays apparaît donc comme une société fermée, cloisonnée, dans lequel ceux qui ont le pouvoir ont la toute-puissance. À cet égard, le dernier sketch devient une inversion ironique, puisqu’il montre la vraie force, c’est à dire le savoir encyclopédique. » (Avoir-Alire)

 

 

 

 

 

 

 

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Le court

Je suis un OGM

de Christophe Faizant et Antoine Galtier

Durée 02’20 • Catégorie Fiction • Genre Humour • Pays France • Année 2015 •

En deux mots
Une comédie jusqu’au-boutiste sur un thème de pleine actualité !

Synopsis
Un couple choisit les caractéristiques de son futur enfant.

Pour aller plus loin
Réalisé dans le cadre de la 5e édition du désormais très suivi Nikon Film Festival, sur le thème générique de “Je suis un choix”, Je suis un OGM est une comédie percutante et efficace sur des thèmes ô combien sérieux, à savoir ceux de la manipulation génétique et de tous les fantasmes autour du “bébé à la carte”.
Le dispositif de mise en scène est plutôt simple, réunissant trois personnages dans le bureau d’un praticien et jouant sur des champs-contrechamps entre un couple anxieux en désir d’enfants et leur interlocuteur, plus apprenti sorcier de la génétique que serviteur d’Hippocrate.
La qualité des dialogues joue avec tous les éléments qui alimentent les débats de société sur le sujet, avec les propositions les plus farfelues au moment de signer le contrat, sur la santé, la carrière et le potentiel du futur enfant, qu’il est par exemple possible de garantir “contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers jusqu’à l’âge de 85 ans !” Quoi de mieux que le rire, une fois de plus, pour évoquer les questions de biotechnologies, de
progrès scientifique et des précautions éthiques qui y sont liées ?

Générique
Scénario Christophe Faizant, Antoine Galtier                                                          Interprétation Lénie Cherino, Jacques Courtès, Mathieu Dumery

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