Mise au point

Mise au point

Publié le 7 juillet 2018 par Honkytonk

Lors de notre séance du dimanche 17 juin 2018 où vous avez pu voir le film « L’homme du train » que vous aviez choisi, certains d’entre vous ont été troublés et nous ont posé quelques questions auxquelles nous nous sommes efforcés de répondre.

Pour clarifier les choses pour ceux avec qui nous n’avons pas eu l’occasion d’échanger, nous nous proposons de vous apporter quelques éclaircissements. C’est un peu long, mais cela peut vous aider à comprendre les difficultés que nous rencontrons pour vous proposer les films qui nous intéressent.

La distribution des films est en pleine restructuration.

Un film, depuis quelques années, ne trouve plus sa rentabilité en salles mais à la télévision, en DVD et surtout maintenant en streaming. Il est évident que ces derniers médias touchent beaucoup plus de personnes que les petits cinémas « de quartier » tels que celui de Revel. Et, ce qui ne va pas, à notre avis, dans le bon sens, la qualité technique n’a pas besoin d’être aussi poussée que pour un grand écran. Ce qui fait que les distributeurs ne trouvent plus d’intérêt à procéder à des numérisations coûteuses pour un gain fort modeste.

Il n’y a pas très longtemps, quand un cinéma voulait passer un film, il demandait au distributeur (le détenteur des droits et des copies) de lui fournir une copie en 35mm. L’exploitant devait alors supporter les frais de transport des bobines et les réacheminer après la séance, soit à l’établissement de stockage du distributeur, soit à la salle qui le programmait en suivant.

Depuis le passage au numérique, les grandes salles de programmation ont fait le choix d’abandonner le support en 35mm et de tout miser sur le numérique. Le Ciné Get, même s’il a fait le choix de conserver son projecteur 35mm, se trouve quasiment devant l’impossibilité de l’utiliser car les distributeurs ont complètement délaissé l’entretien de ces bobines. D’autant plus que les mouvements engendrés par les demandes des cinémas encore équipés auraient demandé des espaces de stockage et du personnel d’entretien et de manutention. On nous répond très souvent quand nous insistons pour obtenir des copies dans ce format qu’il n’existe que des copies de « qualité 5″, le plus mauvais état.

En ce qui concerne le numérique, la copie, d’abord fournie sous la forme matérielle d’un disque dur (DCP) qui voyageait de salle en salle, parvient maintenant à la salle par téléchargement internet. Une « clé » (KDM) générée à la demande de l’exploitant par le distributeur permet de projeter le film le(s) jour(s) choisi(s). C’est également la procédure suivie pour les courts-métrages. Il faut préciser qu’une projection commerciale est automatiquement soumise au paiement de droits au distributeur puisqu’il est impossible de générer des billets d’entrée si la séance n’est pas déclarée. J’en profite pour rappeler que les Z’allucinés ne perçoivent rien sur la recette des entrées. C’est donc Véociné qui rétribue le distributeur et qui paie les taxes et redevances pour la SACEM (Eh oui, il y a aussi des droits d’auteur).

A l’heure actuelle, exceptés quelques films du patrimoine qui bénéficient de numérisations de qualité par des entités que nous pourrions qualifier de sponsors, certains films, mais pas tous, sont numérisés pour obtenir une qualité acceptable pour un petit écran, soit sous forme de DVD (Blu-ray, mais pas toujours) ou pour un visionnage en streaming. Il faut souligner qu’ainsi, on incite les amateurs de cinéma à rester entre soi alors qu’au cinéma, devant un grand écran, parmi d’autres amateurs de bons films, on ressent d’autres sensations !

Certains distributeurs tendent à ne plus fournir de copie numérique et nous demandent d’acheter un DVD, étant eux-mêmes dans l’impossibilité de nous le fournir. Nous sommes alors contraints de le trouver dans le commerce. Ce fut le cas notamment pour le film « Cléopâtre » pour lequel nous avons acheté le Blu-ray en novembre 2015. Bien entendu, cela n’empêche pas les distributeurs de nous réclamer des droits à la même hauteur que du temps du 35mm, voire plus. Ils peuvent exiger une recette minimum (MG) pour laquelle les Z’allucinés doivent parfois compléter les entrées de la soirée.

Un ciné-club qui, par définition, cherche à proposer des films anciens, parfois peu connus et /ou peu diffusés se retrouve devant l’impossibilité de présenter des projections de qualité. Pour beaucoup de films, il n’existe même plus de distributeur (c’est le cas par exemple de « La cage aux folles » qui avait remporté un large succès à sa sortie), ce qui les condamne à ne plus être projetés. Dans le cas de « L’homme du train« , il existe un Blu-ray. Comme l’un d’entre nous avait un DVD du film, nous avons décidé de l’utiliser. Hélas, le soir de la projection, nous n’avons pu que constater que le son était altéré et que l’image était, pour certaines ambiances, de mauvaise qualité. Nous en sommes désolés.

Mais, est-ce une raison pour laisser tomber des films qui, malgré tout, présentent un intérêt certain ?

Nous disons « NON ! » Et nous ne laisserons pas à la seule Cinémathèque la possibilité de rediffuser ces perles.

Nous avons récemment cherché un film dans lequel avait joué Jacques Higelin. Force est de constater que très peu de ceux auxquels il a participé ont été numérisés ou personne ne dispose plus de droits. Le choix est très réduit. Aussi, nous en profitons pour faire un clin d’œil aux idées véhiculées par les évènements de 1968 en décidant de projeter un film controversé qui pourra initier des échanges nourris après la projection, mais en qualité DVD édité par MK2 puisqu’il n’existe pas de meilleure copie (Blu-ray) sur le marché. Ce sera « L’an 01 » réalisé par Jacques Doillon en 1975 avec le concours de Alain Resnais et de Jean Rouch sur un scénario de Gébé. Vous y retrouverez une distribution impressionnante outre Jacques Higelin avec  Cabu, Cavanna, Wolinski, Depardieu, Auteuil, Coluche, Miou-Miou, Jugnot… et bien d’autres.

Nous espérons avoir pu éclairer vos interrogations dans un univers qui est parfois assez complexe à appréhender, même pour nous.

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