2 juin – A thousand girls like me – Toprak

En collaboration avec Amnesty International

A THOUSAND GIRLS LIKE ME

de Sahra Mani

Date de sortie : 6 mars 2019

Durée : 1h 20min

Réalisé par : Sahra Mani

Genre : Documentaire

Nationalités : afghane, française

Sur les pentes des montagnes mauves de Kaboul, où les cerfs-volants tournoient au-dessus des bazars, où règnent les croyances religieuses, Khatera, 23 ans, enceinte de son second enfant, brise le silence. Abusée par son père depuis son jeune âge, elle décide de prendre la parole. Ces quelques mots prononcés à la télévision, devant des millions de téléspectateurs, provoquent un séisme auprès des autorités politiques. Face à elle c’est tout un pays qui se lève. Déterminée à faire valoir ses droits, elle saisit la justice pour se défendre et faire reconnaitre son statut de victime. Comment porter plainte et être entendue ? Ce film coup de poing livre au jour le jour le combat d’une femme d’exception.

Dans une société structurée par des diktats patriarcaux et où règnent des croyances qui dénient aux femmes le droit de s’exprimer, le droit d’exister, il faut avoir du courage pour prendre la parole. Khatera en a eu. Violée par son père depuis son adolescence, elle a décidé de rompre le silence. Elle le fait au péril de sa vie – et finira par faire valoir ses droits et obtenir que justice soit rendue.

Non, elle ne hurlait pas lorsque son père abusait d’elle, elle noyait sa douleur et sa honte dans ses larmes. Alors, comment faire comprendre aux juges qu’elle n’a jamais consenti, qu’il y a eu viol ? Comment le prouver ? Comment porter plainte et être
entendue ? Sourde aux menaces des siens et des autorités religieuses, elle décide de désobéir. Et ce, devant des millions de téléspectateurs. On a du mal à l’imaginer, mais il existe dans ce pays dévasté par la guerre et les attentats des « niches » complètement improbables. Comme cette émission de télévision où chacun peut venir se raconter.

La réalisatrice a eu connaissance de l’histoire de Khatera lorsque celle-ci a témoigné à la télévision devant des millions de spectateurs. Décidée à l’aider, Sahra Mani est allée à sa rencontre. « Nous sommes devenues très proches au cours de sa lutte, jusqu’à former une vraie équipe. J’ai fini par y prendre part lorsque j’ai découvert combien il était important de faire ce film, pour les ‘milliers de femmes’ qui connaissent la même situation mais ne peuvent pas prendre la parole ».

Le tournage a été doublement éprouvant pour la réalisatrice qui s’est beaucoup investie émotionnellement : « Pour moi la difficulté principale a été de me mettre à la place de Khatera, et de parvenir à ressentir les émotions complexes qui la traversaient. [...] Lorsque j’y suis parvenue, de façon inattendue j’ai été frappée d’une profonde dépression. Je ne parvenais plus à trouver la porte de sortie de tout cet enfer qu’elle avait pu vivre. Aujourd’hui encore je souffre de ce que Khatera a pu souffrir toutes ces années. Mes convictions sociales en subissent encore le coup, comme ma foi dans l’autorité et l’Etat tant il a été difficile de réaliser un film sur ce tabou ».

KHATERA EN QUELQUES DATES
2004. 
Khatera, 13 ans, commence à subir les abus sexuels de son père
2012. Naissance de sa fille, premier enfant né de l’inceste.
Juillet 2014. Son père, pris en flagrant délit, est arrêté par la police. Khatera est à nouveau enceinte de lui.
2014. Khatera participe à une émission de télévision sur la chaîne afghane. La cinéaste Sahra Mani découvre son témoignage en direct et commence à la filmer quelques semaines plus tard.
Juin 2015. Procès de son père. Des tests ADN prouvent qu’il est bien le géniteur des enfants. Il est condamné à mort : la sentence (pendaison) n’est pas encore exécutée.
Février 2016. Arrivée en France de Khatera et de ses deux enfants.
6 mars. Sortie en salles de A Thousand girls like me.
Le film a été sélectionné dans de nombreux festivals (Columbia Global Center Istanbul, Göteborg Film Festival, FIPADOC 2019/ Impact, Sochi International Film Festival, Kathmandu International Festival Kimff, FIFDH Paris, Global Migration Film Festival, Femme Revolution Film Festival à Mexico, Move It! Festival à Dresde, 18th International Anti-Corruption Conference Copenhagen, 16th Tallgrass Film Festival, Bertha Doc House à Londres, Festival International du Film de Femmes de Salé , au Afghan International Film Festival in Sweden, Sheffield Doc Fest au Royaume-Uni, Human Rights Watch Festival à New-York, aux Hot Docs Canadian International Film Festival…)

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Le court

Toprak

de Onur Yagiz

Toprak, huit ans, traduit pour ses parents qui ne parlent pas français. Aujourd’hui, il accompagne ses parents à  l’hôpital pour la deuxième échographie de sa mère. Il sera le premier à savoir si les jumeaux sont des frères, il l’espère.

Même si Onur Yagiz est né, en France, au sein d’une famille turque, et non iranienne, il y a comme du Kiarostami dans son Toprak – du prénom de son jeune héros. Ce garçon, comprenant et parlant la langue de son pays d’accueil, est amené à traduire à ses parents ce qu’un obstétricien (joué par Pierre Deladonchamps, que l’on voit de plus en plus) doit leur annoncer lors d’une échographie. À huit ans, c’est une responsabilisation incontestable, car il en va de la grossesse de sa mère, enceinte de jumeaux, donc de deux vies à venir…
Toprak aimerait bien avoir des petits frères, à l’âge où la défiance envers les filles est affirmée, et la tentation de travestir la réalité, ou la plier à ses désirs, est forte. Mais, déjà, les vicissitudes d’un âge adulte encore lointain le saisissent, pour mieux mesurer la gravité de certaines choses et agir en conséquence.
Le Scope et le noir et blanc servent d’écrin à l’épisode, faisant résonner l’universalité du motif de l’enfance confrontée au monde, de façon directe et concrète, sinon brutale. Avec une indispensable tendresse, au détour d’une séquence mère-fils d’une émouvante délicatesse.

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