IN THIS WORLD
de Michaël Winterbottom
Synopsis : Jamal et Enayatullah sont deux cousins afghans qui vivent à Peshawar, au Pakistan. Orphelin, Jamal habite dans l’immense camp de réfugiés de Shamshatoo et gagne un dollar par jour dans un atelier.
Enayatullah travaille pour sa part au marché, dans la boutique familiale. Pour échapper à la pauvreté et tenter une vie meilleure, son oncle décide qu’il sera envoyé en Angleterre.
Jamal persuade la famille qu’il doit, lui aussi, être du voyage. Ils rejoignent tous les deux le million de réfugiés qui chaque année remettent leur vie entre les mains des passeurs. Leur voyage sera long et périlleux…
La politique suscite les passions, révèle des ambitions, provoque des oppositions… la politique inspire aussi la réalisation de longs métrages !
Ce voyage cinématographique est tiré de l’histoire vraie de milliers d’apatrides en quête de liberté, d’espoir, d’avenir. Ces réfugiés deviennent des fugitifs, fuyant le temps qui passe, fuyant l’argent perdu. C’est le parcours de deux clandestins pour qui chaque passage de frontière tient de la roulette russe. Le film, tourné en dv, est tiré d’une histoire vraie, d’un millier d’histoires vraies : celles de tous ces réfugiés – apatrides, orphelins, déracinés – qui entreprennent le voyage vers l’Occident.
Il tend un implacable miroir à notre société. Il donne à voir ce que l’on peine à imaginer, ce qu’en tout cas on ne nous montre jamais à la télé, et trop rarement au cinéma : le parcours lui-même figure rarement dans les fictions ou les documentaires proposés par ces deux médias, qui insistent sur l’avant ou l’après du voyage.
Ce film d’actualité trouble par son audace et sa pertinence, son traitement artistique cohérent et judicieux, sans pathos. La visée humaniste du film lui a valu une avalanche de récompenses : Ours d’or à Berlin, prix oecuménique, « pour la paix », etc.
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Le court
Avenue de France
de Didier Blasco
Interprétation : Magloire Bena / Elias Zenasni / Jérôme Domenge / David Rousseau / Marie Payen / Asil Raïs
Synopsis : Kamal, habillé de jeans, d’un blouson de cuir noir et d’une barbe de quatre jours, se promène tranquillement dans la rue pour endormir son bébé. Contrôlé par la police, il se retrouve accusé d’avoir volé son propre enfant. Une soirée ordinaire en France : soupçons et déni de justice, la vie à double tour derrière les caméras de vidéosurveillance.
L’avis du programmateur : Adapté d’un fait divers, Avenue de France décrit les petits glissements qui transforment une situation banale en engrenage sécuritaire implacable et absurde. Sans artifice narratif, Didier Blasco tend un miroir à la société de surveillance crispée sur les identités dans laquelle nous vivons. L’inquiétude qui nous saisit vient d’ailleurs moins d’une dénonciation frontale que de l’installation d’un climat, celui du soupçon généralisé qui prend la forme d’un cauchemar éveillé. En évitant tout simplisme, Avenue de France souligne subtilement le jeu de reflets par lequel l’humiliation se transmet, les trois jeunes qui suspectent ce père de famille typé appartenant eux-mêmes à la catégorie des minorités visibles à surveiller. Toute la force du film est dans sa retenue, la description d’une violence qui touche à l’intime, sourde mais banale, dévastatrice car invisible. Une banalité quotidienne qui devrait, justement, ne pas l’être.
Récompenses :
Prix du jury jeune Rencontres du Cinéma Européen (Vannes / France – 2011)
Prix de la commune Festival du court métrage régional (Mougon / France – 2011)