21 novembre – La belle et la meute – L’argent des autres

Dans le cadre de la

journée contre les violences faites aux femmes

En collaboration avec AMNESTY INTERNATIONAL

LA BELLE ET LA MEUTE

de Kaouther Ben Hania

Date de sortie : 18 octobre 2017

Durée : 1h 40min

Réalisatrice : Kaouther Ben Hania

Avec : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda…

Genres : Policier, Drame

Nationalités : tunisienne, française, suédoise, norvégienne, libanaise, qatarienne, suisse

Lors d’une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef.
Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc.
Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?

Le film est adapté d’un fait divers qui a fait l’objet d’un ouvrage Coupable d’avoir été violée de Meriem Ben Mohamed avec lequel Kaouther Ben Hania a pris beaucoup de libertés. Les personnages du film ne ressemblent ainsi pas aux personnes réelles et tous les événements qui se déroulent dans le scénario ne se sont pas produits comme tels dans la réalité. La cinéaste se rappelle : « Je souhaitais, plus qu’adapter fidèlement un fait divers, parler du courage de nombreuses femmes qui luttent pour faire respecter leurs droits, en utilisant la fiction. Derrière le courage qu’elle a eu à témoigner devant la Justice et par son livre, je souhaitais aussi parler dans mon film de toutes ces femmes dont on n’entendait pas la voix. »

Kaouther Ben Hania a commencé par faire des films documentaires parce qu’elle considérait la fiction comme quelque chose d’extrêmement difficile, notamment dans la conduite d’acteurs. La préparation du film a été très longue et il a été tourné quatre fois, la première avec uniquement la réalisatrice et les comédiens, la seconde avec le chef-opérateur et enfin avec toute l’équipe.

« L’usage du plan-séquence permettait de générer une tension et de plonger le spectateur dans la sensation du temps réel, même si le film est composé de neuf fragments. Le défi était de mettre en cohérence le jeu d’acteur avec cette idée de fragment du réel. Tout s’est préparé en amont dans une configuration proche du théâtre. De nombreuses répétitions furent nécessaires pour coordonner le jeu des acteurs et les mouvements de caméra » révèle la réalisatrice.

« J’aime beaucoup la tension dans les films : l’idée était aussi de maintenir une tension qui soit à la fois réaliste (l’administration peut amener à vivre un tel cauchemar kafkaïen) tout en assumant les références au genre. Pour moi le cinéma d’horreur est très réaliste. D’ailleurs le personnage de Youssef compare sa vie à un film de zombies. Ces films peuvent en effet parler de sentiments très réels de la vie quotidienne », poursuit-elle.

« Lorsque l’on subit une injustice, de fait on devient militant, comme un réflexe de survie. Mariam a besoin que les personnes qui l’ont violée se retrouvent en prison. Si l’on parle d’un processus de vengeance sous couvert de prise en charge de la justice civile, on n’est pas du tout dans le militantisme. Mais celui-ci commence à apparaître face à un ordre social qui dénie totalement le respect des droits élémentaires d’un citoyen. »

Les faits divers de ces derniers jours font un écho à ses propos : « Je fais référence au documentaire The Hunting Ground (Kirby Dick, 2015) qui traite du cas des viols dans les prestigieuses universités américaines (Columbia, Harvard, etc.) où les victimes féminines ne parviennent pas à trouver justice au sein de l’administration de leur campus. En effet, les universités sont des entreprises placées dans un système hyper compétitif qui ne souhaitent pas voir leur réputation ternie. Aussi, l’administration pousse les victimes de viol à se taire, d’autant que les personnes incriminées sont des champions adulés de l’équipe de football, objet de gros enjeux financiers. »

-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-

Le court

L’argent des autres

de Philippe Prouff

France, 2013, Fiction, Couleur, Français – 11’49 -

Synopsis : Estelle vient de louper le dernier métro. Elle qui pense avoir déjà bien raté sa soirée, tombe sur Simon, un agresseur pas tout à fait à la hauteur, qui rôde la nuit dans les rues désertes de Paris. La rencontre impossible de deux solitudes.

L’avis du programmateur : Un long métrage éponyme, L’argent des autres de Christian de Chalonge, se déroulait, à la fin des années 1970, dans les hautes sphères de la finance. Autre époque, autres nécessités et le court métrage réalisé en 2013 par Philippe Prouff est la chronique, une nuit, d’une rencontre impromptue dans un coin de Paris, entre deux êtres dissemblables, dont rien ne laissait présager le rapprochement. Rien, sinon le hasard, celui d’un racket au distributeur perpétré par un sans-abri’ Mais le réalisateur se plaît à aller à l’encontre de tous les clichés : l »agresseur’ n’est ni un délinquant vraiment violent, ni un SDF résigné ; sa victime n’est pas la ‘bobo’ que la première scène pourrait laisser croire, mais une femme seule, mal dans ses baskets et trouvant un réconfort inattendu et éphémère au creux de la nuit. Le rapprochement des deux inconnus demeure heureusement dans les limites du crédible, le scénario apportant son lot d’humour et de moments suspendus, toujours séduisants. Il n’omet pas en outre que, pour la plupart d’entre nous, une somme de cinquante euros représente réellement quelque chose’

Prix du jury Semaines du cinéma méditerranéen (Lunel / France – 2015)

Les commentaires sont fermés.