18 février – Impitoyable – Les Shadoks et la maladie mystérieuse

IMPITOYABLE

de Clint Eastwood

« Tuer quelqu’un est une chose terrible »

Date de sortie 12 septembre 1992

Date de reprise 21 juin 2017 – Version restaurée

Durée : 2h 11min

Réalisé par : Clint Eastwood

Avec : Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman

Genres : Western, Drame

Nationalité : américaine

« Clint Eastwood a non seulement signé ici son meilleur film, mais un des plus beaux westerns de l’histoire du cinéma » (Vincent Rémy, Télérama en 1992)

« Sommet dans la filmographie de Clint Eastwood » (Avoir Alire)

Après avoir été un impitoyable tueur, toujours entre deux verres, Bill Munny a raccroché ses colts pour l’amour d’une femme aujourd’hui disparue. Il élève péniblement des cochons dans un enclos boueux, avec pour seuls compagnons ses deux jeunes enfants. Bill reçoit un jour la visite de Schofield Kid, un apprenti desperado qui veut devenir le partenaire de cette légende vivante. Le Kid lui propose de partager les mille dollars offerts par des prostituées de Big Whiskey, une bourgade lointaine, pour l’élimination des deux cow-boys qui ont défiguré l’une d’entre elles. Munny finit par accepter la proposition et rend visite à son vieux complice, Ned Logan…

Clint Eastwood tacle la légende : « Ces tueurs qui sont entré dans la légende étaient en fait des types qui vous tiraient dans le dos, pas face-à-face, au beau milieu de la rue, comme on le voyait jadis dans les westerns. » En effet, plutôt que l’Ouest épique et poétique, il en dépeint toute la pauvreté, le sadisme, la fureur et la violence. C’est un western naturaliste où la loi du plus fort s’impose. Il ajoute : « Ca m’a paru le sujet idéal pour réaliser ce que j’appellerai le « dernier des westerns ». C’est un film qui résume au fond ce que le genre représente pour moi. » Dans ce western, tous les personnages sont ambigus, même les femmes, pourtant seules dépositaires d’humanité et de noblesse. Eastwood bute sur un constat accablant : la violence est probablement la seule chose que ce pays ait su sauvegarder de ses origines. Eastwood a envisagé qu’il s’agisse ici de son dernier film, son testament.

« Eastwood est proche du Ford de L’homme qui tua Liberty Valance, c’est à dire un archéologue, poète et reporter, qui scrute les fondations mythiques, légendaires, mensongères de l’histoire et qui sait que dans les plis du temps gît un secret, qui fonde la croyance dans le présent tout en le corrodant. C’est le sujet explicite de Impitoyable, où le journaliste écrivain est le scribe honteux d’une réécriture de l’histoire en légende crapuleuse sous l’influence du shérif, Gene Hackman. » (Ciné-Club de Caen)

« Le titre original, Unforgiven (traduire : « non pardonné »), convient mieux – il dit la rage, le mal, la souffrance qui reste incrustée. Aucun personnage n’est en paix, aucun n’est vraiment bon ni juste, chacun a un comportement répréhensible, une morale discutable. A commencer par le shérif, qui proscrit l’usage des armes à feu dans sa ville, mais qui, dans son maintien obsessionnel de l’ordre public, fait lui aussi preuve de violence, torture, outrepasse ce que lui autorise sa fonction. Quant aux prostituées, en promulguant l’autodéfense pour que justice soit rendue, elles alimentent la tuerie. » (Télérama)

William Munny était un des surnoms que portait Billy the Kid.

Impitoyable, un film féministe ? Il se distingue des autres westerns par l’importance qu’il donne aux femmes et à leur révolte. Clint Eastwood explique : « A l’époque, les femmes étaient traitées comme des citoyens de deuxième classe, et plus encore, j’imagine, les prostituées, sous-classe à l’intérieur de cette classe défavorisée. Dans le film, leur révolte (contre la violence dont a été victime l’une d’entre elles, mais aussi contre l’exploitation à laquelle elles sont toutes soumises) est justifiée. »

« Le film surprend par sa dimension politique. Celui qui fut longtemps – et encore aujourd’hui en raison de déclarations publiques qui sont en contradiction avec ses films – soupçonné de fascisme montre à quel point tout pouvoir qui use de la brutalité perd sa légitimité, prend la défense des déclassés et dénonce une société répressive qui trouve dans l’Amérique des années 90 marquée par la Guerre du Golfe et les violences policières de sombres échos. Eastwood, qui connaît ses limites d’acteur, confie le rôle du sadique shérif à Gene Hackman, une fois de plus grandiose. » (Arte TV)

C’est Clint Eastwood qui a composé le thème principal « Claudia ». Il porte les bottes qu’il portait déjà dans la série télévisée Rawhide dans laquelle il avait fait ses débuts trente ans auparavant. Il a dédicacé le film à ses mentors dans le genre : Sergio Leone et Don Siegel.

Le film a remporté de nombreuses récompenses, entre autres quatre Oscars en 1993 : celui du meilleur film pour Clint Eastwood (troisième western de l’histoire à avoir remporté ce prix), de la meilleure mise en scène pour le même Clint Eastwood, du meilleur second rôle masculin pour Gene Hackman et du meilleur montage pour Joel Cox. Au total, il était nommé dans neuf catégories, avec celles du meilleur acteur, du meilleur scénario, de la meilleure photographie, du meilleur son et des meilleurs décors.

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Le court

Les Shadoks et la maladie mystérieuse

de Thierry Dejean

Synopsis

Chez les Shadoks, c’est la panique : une mystérieuse maladie vient de toucher les curieux volatiles. Tout le monde parle à tort et à travers, donne son avis sur tout et rien, personne n’est d’accord, et la moindre discussion finit en pugilat

Pour aller plus loin

Ce sont des créatures appartenant à la mythologie de la télévision, et même de l’imaginaire collectif national, qui ont opéré leur retour grâce à “La Collection dessine toujours”, dans le cadre de l’opération annuellement lancée par Canal+, cette fois en hommage à Charlie Hebdo après le terrible attentat du 7 janvier 2015. Les Shadoks, nés à l’origine du génie de Jacques Rouxel, reviennent pour apporter leur écot à la défense de la liberté d’expression et l’aventure pour l’occasion imaginée renoue avec la drôlerie colorée qu’on leur connaît.

Sa portée métaphorique se projette en outre aisément sur notre propre société et ses propres enjeux : la maladie mystérieuse qui frappe les volatiles tient ainsi à leurs désaccords incessants et un vaccin conçu par le fameux professeur Shadoko pour y remédier aura pour effet d’anesthésier tout le monde ! Qui a dit “pensée unique” ? Leur insolence nous avait manqué et les spectateurs de tous âges apprécieront ce come-back inattendu et remis au goût du jour, avec même une référence au PSG à l’appui…

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