21 novembre – 36 vues du Pic Saint-Loup

Film de Jacques Rivette (2009)

Avec Jane Birkin, Sergio Castellitto, André Marcon, Jacques Bonnaffé, Julie Marie Parmentier …

84 minutes, tout public

 

 A la veille de partir en tournée d’été, le propriétaire d’un petit cirque itinérant meurt brutalement. Pour sauver la saison, la troupe fait appel à Kate, sa fille aînée – laquelle a quitté le cirque depuis une quinzaine d’années.  Elle accepte. Et le film commence. Et Rivette de plonger à l’essentiel, faisant se recouper effets d’image du cinéma avec jeux d’espace et d’identité du cirque.

Un film d’une grande limpidité narrative : il était une fois une jeune femme en panne sur le bord de la route. Un homme passe au volant de sa décapotable, sans s’arrêter, puis fait marche arrière et descend de son véhicule, le temps de secourir la conductrice comme un Brialy eût secouru les jeunes premières de la Nouvelle Vague. Première rencontre de deux êtres qui n’ont pas grand-chose en commun – suivie d’une seconde, inopinée, dans un village …

L’homme de la première scène, Vittorio, est un Italien flâneur, riche, en quête perpétuelle, étranger de passage dans les existences de Kate et de la troupe.  Nous aussi, spectateurs, nous nous retrouvons à être de passage ; des problèmes sont évoqués, mais on ne connaît pas leur origine, qu’il s’agisse d’un trauma intime ancien (pour Kate) ou du questionnement d’ordre professionnel qui titille les clowns au sujet d’un sketch dont la valeur humoristique est remise en question.

Comment ça fonctionne, les relations entre la réalité et le spectacle, entre le public et l’artiste ? Et puis, c’est quoi au juste être drôle ? Les extraits du numéro que l’on voit dans le cours du récit, apportent des éléments de réponses par petites touches – par la pratique au quotidien et non par un cours magistral déclamé depuis une estrade.

36 vues du Pic Saint-Loup agit comme une pastille savoureuse, régénérante, d’autant plus que les décors (en extérieur) et la mise en scène truffée de trouvailles pleines de charme  sont au diapason de cette humeur générale.

Rivette met en écho de façon superbe son texte de théâtre. Le film est profond, profondément hanté même (…) L’art du cinéaste ne s’est jamais montré autant à nu, et donc particulièrement touchant . Les Inrockuptibles

Rivette, lui, mène toujours le jeu, des coulisses du cirque de village, et de quelle merveilleuse façon, il suffit de voir la grâce qu’il a su insuffler à ses clowns. (…) Ce conte de fées, avec enchanteur et princesse ensorcelée, est une leçon de résistance. L’Humanité).

Quatre-vingt-quatre minutes de bonheur triste et de mélancolie gaie. Un film d’une assez déchirante modestie, un film myosotis, cette fleur qui en anglais s’appelle « ne m’oubliez pas ». Marianne.

36 Vues du Pic Saint-Loup renoue avec la veine plus légère de Va Savoir. (…) Non pas film-somme, mais bilan, à bien des égards, où l’on s’amuse des « riens » qui deviennent « tout ». Cahier du Cinéma

Laisser un commentaire