21 octobre – L’été de Kikujiro – Home, sweet home

L’ÉTÉ DE KIKUJIRO

de Takeshi Kitano

Date de sortie : 20 octobre 1999 (2h 01min)

Date de reprise : 9 août 2017 – Version restaurée

Durée : 2h 01min

Réalisé par : Takeshi Kitano

Avec : Takeshi Kitano, Ysuke Sekigushi, Rakkyo Ide

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : japonaise

Alors que les vacances d’été débutent, un jeune garçon âgé de neuf ans nommé Masao (正男), qui vit seul avec sa grand-mère, en allant chercher un cachet à la réception d’un colis, retrouve par hasard des photos de sa mère qu’il n’a pas vue depuis longtemps. Avec l’aide d’un ancien yakuza nommé Kikujiro (菊次郎), Masao décide de partir en voyage pour la retrouver. Le duo improvise alors leurs moyens de locomotion à travers le pays et rencontrent sur leur voyage un petit groupe de personnages insolites, par la suite ils vont faire connaissance avec un marchand ambulant et un duo de motards.

C’est le 8ème film de Kitano. À ce moment de sa carrière, le cinéaste japonais peut tout se permettre, auréolé du grand succès de son précédent film, Hana-Bi. Conscient qu’il véhicule une image de cinéaste « violent », il décide de prendre un virage à 360 degrés en proposant une comédie dramatique émouvante mettant en scène un enfant.

Pour incarner Masao, Takeshi Kitano a choisi Yusuke Sekiguchi parmi plusieurs dizaines d’enfants. Le physique du jeune comédien détonne par rapport aux critères de beauté juvénile japonais généralement mis en avant au cinéma. C’est précisément son visage joufflu et ses traits atypiques qui ont poussé le cinéaste à lui offrir le rôle. L’été de Kikujiro marque à l’heure actuelle la seule et unique prestation cinématographique de Sekiguchi.

Dans ce film, le personnage incarné par Kitano est contraint de venir en aide à Masao, incarné par Yusuke Sekiguchi. Au départ, ils sont très distants et ne se parlent que très peu. Pour maintenir ce degré de réalisme, le cinéaste mettait volontairement de la distance entre lui et le jeune comédien. Avec sa franchise habituelle, Kitano nous parle de sa relation avec l’acteur, lui qui n’est pas très à l’aise avec les enfants : « Au début, Yusuke et moi, on ne se parlait pas. Exactement comme nos personnages dans le film. Il m’évitait. Mais à la fin du tournage, nos rapports sont devenus plus ouverts. L’écart qui nous séparait s’est réduit progressivement. Exactement comme dans l’histoire. (…) Mieux vaut ne pas compter sur le talent d’acteur des enfants. Quand ils essaient de jouer ou quand ils jouent trop bien, ça paraît mieux, mais ensuite, je les trouve prétentieux. Je déteste ceux qui jouent trop bien. Je les préfère mal dégrossis. Ou, disons, quand ils restent eux-mêmes », affirme le metteur en scène.

Takeshi Kitano a appelé son personnage principal Kikujiro, qui est le prénom de son père. En effet, le réalisateur n’a jamais vraiment eu de relations avec son paternel, un homme taciturne, alcoolique et violent : « Je me souviens avoir joué une seule fois avec lui. (…) Durant mon enfance, mon père ne m’aura vraiment parlé qu’à peine trois, peut-être quatre fois », confie le cinéaste. En réalisant L’été de Kikujiro, Kitano fait la démarche de tenter de comprendre ce père qu’il n’a jamais vraiment connu et qui est décédé en 1979 : « Le personnage principal est un homme d’une cinquantaine d’années qui refuse d’admettre sa déchéance. Il se pose des tas de questions. C’est quelqu’un, sentimentalement, de très maladroit. Il ne sait jamais quoi dire à cet enfant de neuf ans, Masao, qui durant les vacances d’été, débarque dans sa vie sans prévenir. Je voulais que ce film soit un road movie, à pied, car quand on marche, pas à pas, le temps passe différemment », explique l’artiste.

 

Takeshi Kitano fait à nouveau appel à Joe Hisaishi, son compositeur attitré, également auteur de la musique des films d’Hayao Miyazaki : « Auparavant, je lui montrais toujours les rushes. Ensuite, je le laissais décider. Cette fois, je lui ai spécifié dans les moindres détails le type de mélodie, la progression de l’intrigue, le genre de musique que je souhaitais. De sorte que je l’imaginais pendant le tournage. Voilà pourquoi la musique colle au film », explique le réalisateur.

 

Kitano ne souhaitait pas filmer la rencontre entre Masao et sa mère pour ne pas tomber dans le sentimentalisme facile et larmoyant : « Je veux bien que mes films suscitent du sentiment, mais je ne veux surtout pas de pathos. Alors, Kikujiro invente, dit à l’enfant que ce n’est pas sa mère et préfère l’emmener dans un autre monde. Je préfère cette solution, qui évite les épanchements et qui protège l’enfant de chamboulements affectifs violents ».

« Le film se démarque des autres histoires que j’avais faites jusque-là. Pour une fois, il me semble que ce film penche plutôt du côté de la vie que de la mort. L’enfant symbolise l’espoir, l’avenir, un monde meilleur. Avec ce film, je crois avoir voulu rendre hommage à l’idée que je me fais de l’humanité », indique Takeshi Kitano.

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Le court

Home, sweet home

de Alexandro Diaz, Pierre Clenet et Romain Mazevet

Un road-movie poétique et émouvant au cœur des vastes paysages de l’Amérique.

Une maison se déracine et part à l’aventure.

Home Sweet Home apparaît immédiatement singulier, puisqu’on ne se souvient pas avoir jamais vu d’œuvres d’animation dont les héroïnes seraient des maisons. L’une d’elle jouait bien un rôle important dans Là-haut de Pete Docter (2009), mais elle laissait le devant de la scène à des personnages “humains”. Ici, plusieurs demeures – ou masures – se retrouvent au cœur de l’action, cherchant leur juste place. La première que l’on voit quitte un quartier délabré où tous les bâtiments, du moins ce qu’il en reste, sont en vente et pour prend la route.

On pense à la crise des subprimes et tous ces foyers brutalement abandonnés aux États-Unis, mais on se laisse surtout embarquer dans un road-movie poétique au cœur des vastes paysages de l’Amérique, avec de multiples références cinématographiques hollywoodiennes, depuis la Monument Valley si souvent filmée en Scope par John Ford jusqu’aux étendues de blé magnifiées par un Terrence Malick. Pourtant, c’est un quatuor d’étudiants “bien de chez nous”, pensionnaires de Supinfocom Arles, qui a conçu en 3D cet épique voyage pas tout à fait comme les autres…

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