25 juillet – Le bonheur d’Emma

 

 

Réalisateur : Sven Taddicken

Allemagne, 2006

Avec Jördis Triebel, Jürgen Vogel, Martin Feifel …

 

 

 Une jeune femme sauvage, entourée de ses animaux. Un jeune homme condamné par un cancer, dont la route va croiser celle de la fermière. Des personnages touchants, une romance simple et évidente.

Emma, solitaire, qui vit dans la ferme familiale délabrée, couverte de dettes, qui choie ses cochons jusqu’à leur dernier moment.

Max, vendeur de voitures, triste et esseulé, qui vient tout juste d’apprendre qu’il n’en a plus pour très longtemps. Bien décidé à en finir, Max rate son suicide et sa voiture atterrit dans la cour de la ferme d’Emma. Ces deux personnages, a priori totalement opposés – la rurale et l’urbain – vont s’aimer comme si rien d’autre ne comptait.

Il y a quelque chose d’intemporel dans cette histoire, pas seulement parce qu’elle reprend un thème vieux comme le monde (des amants que la vie va séparer), mais aussi parce qu’Emma et Max semblent revenir à l’Éden originel d’Adam et Eve. En pleine nature et seuls au monde, ils deviennent ce qu’ils sont, des êtres désireux de s’aimer et de vieillir côte à côte.

Pour autant, rien de caricatural dans cet « hors du monde » que filme Sven Taddicken. Les rôles secondaires apportent tous une dimension contemporaine au film, qui l’ancre malgré tout dans notre temps.

Grâce à ses personnages, tous très définis et jamais inutiles, Sven Taddicken parvient à écrire un scénario serré et à rebondissements. Il ne se contente pas de filmer la relation et les petits gestes d’amour entre Emma et Max, mais, là encore, montre un vrai talent de conteur. À l’histoire d’amour proprement dite s’ajoute une intrigue quasi-policière, autour du sort des deux héros : l’une, menacée d’expulsion pour cause de dettes vertigineuses, l’autre, recherché pour vol de voiture et d’argent.

Une des réussites du film tient au personnage féminin, Jördis Triebel, comédienne de théâtre remarquée par la critique et le public, pour la première fois dans un grand rôle de cinéma. Emma, belle, forte, sensuelle, terrienne qui plonge les deux mains dans les tripes des animaux et fabrique elle-même son boudin, céleste dans sa robe de dentelle blanche.

Sven Taddicken, jeune réalisateur allemand, a su exploiter ce personnage complexe, à plusieurs faces, notamment par un beau travail de lumière sculptant le corps et le visage de son héroïne. Et parce que pour cette jeune femme la mort fait naturellement partie de la vie, personne d’autre qu’elle ne pouvait accompagner aussi bien Max dans ses derniers moments.

Le Bonheur d’Emma renoue avec le plaisir d’une histoire intelligemment contée, intelligemment construite. Et prouve une fois de plus que, décidemment, le cinéma d’outre Rhin est un grande forme, et pas seulement dans des thèmes historiques.

 

Les commentaires sont fermés.