26 octobre – Barbara – Schengen

Réalisateur : Christian Petzold

Date de sortie : 2 mai 2012

Avec : Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Rainer Bock…

Genre : Drame

Nationalité : Allemande

Synopsis : Au début des années 1980, en Allemagne de l’Est. Barbara, une chirurgienne pédiatrique soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest, est mutée dans une clinique d’une petite ville de province où elle reste soumise à la surveillance humiliante et permanente des agents de la Stasi. Pendant ce temps, Jörg, son amant qui vit à l’Ouest, prépare activement son évasion et lui fait remettre de l’argent, que Barbara cache en pleine nature. Barbara fait la connaissance d’André, le médecin-chef de l’hôpital, qui est le seul à se montrer amical à son égard et, très vite, semble s’intéresser à elle. Ses attentions sont-elles sincères ou est-il chargé de la surveiller ?…

Plutôt que de montrer une nation alors opprimée, le cinéaste choisit de présenter les effets insidieux qui minent la vie quotidienne, et la paranoïa qui gangrène les rapports entre individus. Le sujet du film n’est pas un suspense classique autour d’une évasion, qu’on connait par cœur, mais une étude très finement tricotée autour de la confiance. C’est un film épuré, minimaliste.

« Barbara » dévoile la mécanique de suspicion imposée par la Stasi en RDA par le biais d’une mise en scène subtile et d’une direction d’acteurs au cordeau, permettant d’aérer un scénario lui-même un peu asphyxiant. La qualité du film de Petzold repose sur l’équilibre créé entre les deux forces qui le traversent, l’amour et le politique. Dès les premiers plans, aucune échappatoire pour le regard, on ne peut que suivre cette femme.

« Barbara » a touché le public allemand, fait vibrer en lui une corde émotionnelle qui révélait que cette période de l’histoire nationale a laissé bien des traces et des cicatrices toujours présentes. D’une intrigue captivante, on retiendra « plutôt l’atmosphère que réussit à instaurer le réalisateur. Un sens de l’économie remarquable, un usage délibéré de la répétition et une reconstitution à la fois méticuleuse et dépouillée du décor made in RDA permettent, en l’occurrence, à Christian Petzold d’instiller ce climat propre à la société totalitaire, où la suspicion généralisée règle les rapports sociaux et où l’abjection, domestiquée, devient pure affaire de routine. Cette terreur est d’autant plus efficacement suggérée que le réalisateur n’a pas cherché à effacer les éventuelles beautés qui les entourent, ni le charme bucolique dépeint dans une gamme chaude et automnale de la nature qui lui sert d’écrin.

Contrairement à la plupart des films, Barbara a été tourné de manière chronologique, chose plutôt rare de nos jours. Selon les acteurs, ce procédé donnait un côté vivant au tournage et les poussait à adopter un jeu plus organique. Seule la scène du baiser entre les deux protagonistes a été tournée en dehors de ce canevas chronologique, comme un instant « hors du temps ». Afin de retranscrire l’atmosphère oppressante propre à l’époque de la Guerre Froide, l’équipe a reconstitué un climat de suspicion, de méfiance et de mensonge tout au long du tournage.

Barbara a obtenu l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin.

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Le court :

Schengen

de Annarita Zambrano

France, 2012, Fiction, Couleur, Français. – 10’00 – 5.1

Synopsis : Dans un Paris militairement divisé en deux comme dans l’ancien Berlin Est-Ouest, Inès Raymond reçoit, rive droite, des hommes et des femmes qui demandent un visa pour la rive gauche. Chacun a ses raisons et ses rêves pour vouloir passer la Seine, mais Inès doit respecter les nouvelles consignes.

L’avis du programmateur : Schengen est issue de la Collection Canal  ; laquelle repose sur des consignes bien précises (un thème et des personnalités se prêtant au jeu de la comédie le temps d’un film spécialement écrit pour eux). Élections présidentielles obligent, la collection 2011 « donnait de la voi(e)x » et proposait aux réalisateurs participants d’exposer leur vision du vivre-ensemble et de la citoyenneté. C’est avec la comédienne Claudia Tagbo qu’Annarita Zambrano a choisi de traiter de l’immigration et de la fermeture des frontières européennes en transposant l’espace Schengen à la ville de Paris. Par le recours au faux-semblant, elle plonge le spectateur dans un récit paradoxal et offre un regard ironique sur les politiques migratoires françaises et européennes.

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