30 novembre – As if I am not there – Gli immacolati

Dans le cadre de la journée dédiée à la violence faite aux femmes, La projection se déroulera en présence d’Amnesty International qui animera le débat.

Date de sortie : 21 février 2013

Durée : 1 h 49

Réalisé par : Juanita Wilson

Avec : Natasa Petrovic, Fedja Stukan, Miraj Grbic…

Genre : Drame

Nationalité : Irlandaise, Macédonienne, Suédoise.

Le film est inspiré d’un roman écrit par la journaliste croate Slavenka Drakulic en 1999 (Je ne suis pas là, Éd. Belfond, 2002).

Synopsis : En Bosnie, pendant la guerre. Samira, une jeune institutrice, envoyée effectuer un remplacement dans un village perdu, est arrêtée, un matin, dans son appartement, par un soldat. Les habitants sont rassemblés dans une grange, les femmes séparées des hommes. Samira et les autres femmes sont envoyées dans un camp rudimentaire. Lorsque les soldats remarquent la beauté de Samira, elle subit un viol collectif. Elle est ensuite enfermée, avec d’autres femmes, dans une pièce où se multiplient les viols. Un jour, une fillette entre à son tour dans cet enfer. Samira prend soin d’elle, jusqu’au jour où…

As If I am not There repose sur des faits réels auxquels le film tente de donner une épaisseur et une incarnation romanesque et psychologique : les sévices subis par les femmes bosniaques, les viols systématiques comme instruments de soumission et de domination ethniques.

Juanita Wilson a décidé de n’inclure que très peu de dialogues dans son film As If I Am Not There, notamment pour traduire l’atmosphère créée par le conflit : « Je pense vraiment, quand c’est possible, que montrer les choses en images est suffisant et que le dialogue est seulement nécessaire quand il aide l’histoire », explique la réalisatrice irlandaise, en poursuivant : « Le film aurait presque pu être un film muet. A l’origine il y avait un peu plus de dialogues dans le script, mais nous avons aussi choisi de les enlever au montage. »

« Le film de Juanita Wilson fait preuve d’une étonnante subtilité, calquant son regard sur la posture de la protagoniste : droite et humaine en même temps que paralysée par la peur – une posture que la caméra embrasse chaque fois qu’elle fait face au visage de son actrice. Sur ce visage, c’est le reflet de ces insupportables circonstances qui dirige le fil du récit. Ce que la caméra regarde, c’est le point de vue d’une jeune femme ne pouvant compter que sur sa propre résistance. » (Critikat)

Le scénario de As if I am not there aurait pu se situer en plusieurs lieux, plusieurs époques, tant l’horreur qu’il dévoile est, hélas, universelle. Il suffit, malheureusement, de penser aux conflits actuels en Syrie, en Irak, en Ukraine ou en Afrique où ces méthodes sont pratiques courantes.

« Soutenu par Amnesty International, récompensé dans une dizaine de festivals, As if I am not there n’est pas un simple témoignage « pour ne pas oublier ».  Au-delà de l’effroyable réalité montrée et du traumatisme physique et psychique dont il rend compte, le film s’interroge sur le lien entre individus dans un contexte de guerre, la manière dont chacun lutte pour sa survie, l’ambivalence des comportements et l’insondable mystère de la noirceur humaine. «  (La Croix)

La réalisatrice laisse les visages s’exprimer : là, elle réussit, par des plans resserrés, à faire se lire la peur, l’attente, l’angoisse que tout cela ne cesse jamais. As If I Am Not There bénéficie à ce titre du jeu très sensible de Nataša Petrović, étudiante à Skopje au moment du tournage, et dont c’est la première apparition à l’écran. Elle est remarquable, et contribue pour beaucoup à rendre aimable cette première œuvre éprouvante qui s’illumine sur la fin. L’œuvre d’une femme qui, au cœur de la noirceur la plus extrême, choisit en dernier recours de faire surgir un dernier sursaut d’espoir.

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Le court :

Gli Immacolati

de Ronny Trocker

France, 2013, Fiction, Couleur, Italien (VOST). – 13’30 – Dolby SR

Synopsis : Décembre 2011, dans une ville du nord de l’Italie. Comme chaque soir, un jeune homme rentre chez lui. Il est en train de garer sa voiture quand il découvre sa soeur de seize ans en larmes devant la porte de leur maison’

L’avis du programmateur : Gli immacolati (‘les immaculés’ en français), oeuvre d’école développée au Studio du Fresnoy par l’Italien Ronny Trocker, est un parfait exemple de film hybride, évoluant entre fiction, animation, documentaire et expérimental. Un fait divers tragique, réellement survenu au début des années 2010 de l’autre côté des Alpes, sert de point de départ à une narration qui consiste essentiellement en un plan séquence composé numériquement. La caméra sillonne ainsi, un peu à la manière d’Obras d’Hendrick Dussolier il y a quelques années, un inquiétant décor. C’est celui où s’est déroulé le drame en question, que relatent plusieurs voix off, confrontant plusieurs points de vue, tant du côté des bourreaux que des victimes. L’épisode vaut pour exemple, puisqu’un mensonge d’adolescente a conduit à un déchainement de violence à l’égard d’une population Rom installée dans le voisinage d’un tranquille bourg transalpin. Le sujet est d’une actualité brûlante et le traitement visuel et narratif que lui applique le réalisateur lui offre des résonances supplémentaires et la dimension d’une tragédie grecque.

Presse : ‘Le recul et l’abstraction jalonnent ce qui échappe, dérape. Mouvements des images et narration en miroir pour faire fluctuer une réalité insaisissable et diffractable, qui nous glisse entre les mains. Telle cette foule immaîtrisable qui s’en ira comme elle est venue. L’incendie comme un feu de paille. La violence collective fondue en apparition fugitive. À travers son errance, Gli Immacolati en garde la trace, une impression en creux, dans la cire.’ (Juliette Borel, www.formatcourt.com, 15 février 2014).

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