12 novembre – A l’ouest rien de nouveau

A L’OUEST RIEN DE NOUVEAU

Réalisateur : Lewis Milestone

Date de sortie : 1930

Durée : 2 h 13

Avec : Lew Ayres, Louis Wolheim, John Wray…

Genre : Guerre, drame, historique

Nationalité : Américaine

Synopsis : Allemagne 1914. La guerre vient d’être déclarée. Dans un collège, un professeur nationaliste harangue ses élèves pour les exhorter à s’engager. Paul Baumer et six de ses amis répondent à l’appel avec l’enthousiasme de la jeunesse. La désillusion sera rude. C’est d’abord l’encasernement, les brimades, l’entraînement impitoyable sous la direction du féroce Himmelstoss. Humiliés, les jeunes gens ne rêvent plus que de partir pour le front. Mais le premier contact avec le feu est atroce…

Le film est adapté du roman, le premier d’Erich Maria Remarque, un jeune ancien combattant. Le grand éditeur allemand Samuel Fischer aurait à peine feuilleté le manuscrit d’A l’Ouest, rien de nouveau, qui montrait une jeunesse broyée par la Grande Guerre. « Il a dit à Remarque : il y a eu suffisamment de livres sur la première guerre mondiale comme ça ». A sa publication, en janvier 1930, le roman s’arrache en Allemagne (800 000 exemplaires vendus jusqu’à l’exil de l’auteur en 1935) et en France (600 000 exemplaires). Mais dans le pays de l’auteur, les milieux nationalistes allemands crient à la trahison.

A Hollywood, le patron d’Universal Pictures, Carl Laemmle, achète rapidement les droits et en confie l’adaptation à Lewis Milestone, jeune immigré juif de Bessarabie, ancien du Signal Corps où il a servi comme opérateur de cinéma, et réalisateur en pleine ascension.

A sa sortie, dès 1930, le film  connait un succès phénoménal, il fait un grand effet aux Etats-Unis. « La plupart du temps, le public était silencieux, saisi par les scènes réalistes. C’est un accomplissement notable, sincère et sérieux plein d’éclats vifs et graphiques », s’enthousiasme le New York Times en avril 1930.

On a fait « mieux » depuis au cinéma en matière de réalisme rouge sang ; mais ce film garde sa force, peut-être parce qu’on sent confusément qu’il est presque contemporain du cauchemar qu’il décrit. Les scènes de combat sont frappantes — notamment par l’usage de la caméra qui se substitue à la mitrailleuse — , mais même les moments d’accalmie ont une intensité rare : ainsi, quand Albert découvre dans un miroir qu’il vient d’être amputé, ou lorsque Paul, de retour chez lui, est pris pour un lâche.

Milestone a l’intelligence de montrer sans vouloir démontrer. Par sa sobriété, cette fiction a presque des accents de vérité documentaire. Ici, nul didactisme ni académisme : avec une caméra très mobile, Lewis Milestone filme à hauteur d’homme une réalité que les va-t-en-guerre avaient masquée : la peur qui tenaille sans répit, l’horreur des mutilations, l’impuissance face à l’agonie des compagnons d’armes, l’obligation de tuer… De tous les films sur la Première Guerre mondiale, celui-ci apparaît comme le plus authentique et le plus fidèle à ce que vécurent les soldats dans les tranchées.

A l’Ouest, rien de nouveau remporte deux Oscars – celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

 

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.