10 mars – Les figures de l’ombre – Je suis une ouvrière

Dans le cadre de la « Journée de la femme«

en liaison avec Amnesty International

LES FIGURES DE L’OMBRE

de Théodore Melfi

Date de sortie : 8 mars 2017

Durée : 2h 07min)

Réalisé par : Theodore Melfi

Avec : Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe

Genres : Drame, Biopic

Nationalité : américaine

Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.

Et si l’homme blanc n’avait pu s’envoyer en l’air que grâce à la contribution de femmes noires? Au début des années 1960, en pleine guerre froide, la Nasa se trouve dans l’embarras. Les Russes ne cessent d’aligner les victoires : premier satellite artificiel (Spoutnik en 1957) premier être vivant dans l’espace (la chienne Laïka dans Spoutnik 2, toujours en 1957), premier homme (Youri Gagarine en 1961). Pendant ce temps-là, les Américains accumulent les déconvenues et restent désespérément cloués au sol. Heureusement, trois femmes noires talentueuses Katherine Johnson, Dorothy Vaughn et Mary Jackson vont bientôt sauver la situation et permettre à John Glenn d’être le 20 février 1962 le premier Américain en orbite, effectuant trois rotations dans l’espace avant de retourner sur Terre et d’y amerrir sans encombre.

Il s’agit de l’adaptation du livre intitulé Hidden Figures de Margot Lee Shetterly mettant en scène la physicienne, mathématicienne et ingénieure spatiale américaine Katherine Johnson qui a contribué aux programmes aéronautiques et spatiaux de la National Aeronautics and Space Administration (NASA). Réputée pour ses compétences en navigation astronomique, elle a calculé les trajectoires du programme Mercury et de la mission Apollo 11 vers la Lune en 1969.

 

L’écrivaine, également productrice exécutive du film, s’est penchée sur le sort des femmes employées de la NASA. Alors que son propre père travaillait au sein de l’agence spatiale, elle a été stupéfaite que ces femmes ne soient pas plus connues. Le film s’inspire de son ouvrage, basé sur des entretiens, des recherches approfondies et des documents d’archives, qui raconte le quotidien extraordinaire de ces femmes partagées entre la révolution technologique à laquelle elles ont pris part et la ségrégation dont elles ont été victimes. Margot Lee Shetterly a également fondé le Human Computer Project, une organisation dédiée à l’archivage du travail de toutes les femmes qui ont contribué aux premiers succès de la NASA. « Ces femmes étaient d’une certaine manière invisibles, mais elles considéraient qu’elles avaient la chance d’exercer un métier qui leur plaisait – elles aimaient en effet s’attaquer à ces complexes problèmes mathématiques – et cela leur suffisait », déclare l’auteur. « Par le passé, les femmes étaient systématiquement écartées dans les milieux technologiques. Nous avons cette image préconçue de l’astronaute et du scientifique et puisque ces femmes ne correspondaient pas au profil, les historiens les ont souvent oubliées ».

Alors que dans l’industrie, pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes étaient invitées par l’icône de Rosie la riveteuse à occuper des postes jusqu’alors tenus par des hommes, le même phénomène a touché le domaine des sciences et des mathématiques. La pénurie de scientifiques et de mathématiciens conjuguée au vote de lois anti-discrimination raciale a poussé la Défense et les agences fédérales à embaucher des femmes et des Afro-Américains capables de poursuivre leurs recherches fondamentales, afin notamment de pouvoir envoyer le premier Américain en vol orbital autour de la Terre.

Le travail de Katherine Johnson est aujourd’hui officiellement reconnu par la NASA. Un pôle de recherche informatique et de calcul portant son nom a été inauguré au Centre de recherche Langley le 5 mai 2016, jour du 55e anniversaire du vol historique d’Alan Shepard dans l’espace rendu possible par la mathématicienne.

Malgré les lois ségrégationnistes Jim Crow toujours en vigueur en Virginie, le laboratoire de Langley (Langley Memorial Research Lab), géré par ce qui deviendra la NASA, a engagé une équipe entière de femmes afro-américaines capables de réaliser des calculs extrêmement complexes bien avant l’arrivée des superordinateurs. Un grand nombre d’entre elles étaient professeurs de mathématiques. Bien que leur travail ait été indispensable, leur couleur de peau n’était pas oubliée; ces dernières mangeaient et travaillaient dans des locaux séparés situés dans une aile isolée de l’agence, le West Computing. Elles étaient également moins payées que leurs collègues blanches.

Le film enjolive à dessein certains faits ; par exemple, dans sa dernière partie, Katherine Johnson réalise des calculs sophistiqués en moins d’une heure, ce qui n’est pas compatible avec la réalité. La NASA considère que cette scène s’inspire librement des faits. L’ordinateur avait produit le même résultat, confirmé par le calcul humain.

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Le court

Je suis une ouvrière

de Claudine Van Beneden et Pierre Simboiselle

Un constat dans l’air du temps… Incontournable !

Quatre femmes fabriquent, travaillent, soupirent, quand soudain l’une d’entre elles fait le geste qui surprend. Inspiré d’ouvrières qui ont lutté pour leurs emplois à Yssingeaux.

Au début de l’année 2012, une décision du Tribunal de Commerce de Lyon jetait à la rue deux cent cinquante cinq salariées de l’usine de lingerie Lejaby d’Yssingeaux, en Haute-Loire. Un désastre économique devenu hélas monnaie courante en cette ère de désindustrialisation génératrice de drames humains. L’artiste franco-belge Claudine Van Beneden, connue pour son approche engagée au théâtre, a choisi de s’y intéresser, rendant
hommage à la lutte de ces ouvrières aux emplois menacés et à l’avenir assombri.
Son film, Je suis une ouvrière, a été conçu dans le cadre du Nikon Film Festival en 2016 et contraste singulièrement avec le tout-venant de cette production. Entre chorégraphie filmique, dispositif de performance et expérimentation sonore jouant sur des onomatopées et des répétitions, ce film de cent vingt secondes redonne le respect qui leur est dû à ces victimes de la mondialisation sans visage. Et de la noblesse à un milieu ouvrier dont est issue la réalisatrice, originaire de Charleroi, et qui restitue à travers un dispositif dépouillé
l’absurde dureté du travail en atelier et de ses gestes répétés à l’infini. “En gros…”

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