27 octobre – Les habitants

Les habitants

 

  • Date de sortie : 13 septembre 1995
  • Durée : 1h 45min
  • Réalisé par : Alex Van Warmerdam
  • Avec : Alex Van Warmerdam, Annet Malherbe, Leonard Lucieer
  • Genre : Comédie
  • Nationalité : Néerlandais

 

L’histoire se passe en 1960. Dans l’unique rue d’un lotissement perdu au bout de nulle part, un boucher, sa femme, un garde-champêtre, un facteur, un garçon fasciné par Lumumba … bref, des hommes et des femmes se cherchent sans vraiment se trouver. Au-delà du lotissement inachevé, c’est un terrain vague, une forêt, et puis vraisemblablement la mer.

 Disons-le tout de suite : rares sont les films à atteindre une intensité tragi-comique pareille, aussi constante, imaginative, noire, fantaisiste, sans relâche. Un petit bijou d’un réalisateur néerlandais qui mériterait d’être plus connu.

 

Les décors surréalistes donnent à certains plans des faux airs de tableaux de Magritte. Il s’y dégage une sorte de douce mélancolie comique, à tel point que l’on se demande parfois, si on est censé rire ou pleurer. Un film qui s’inscrit dans la même veine que le cinéma de Kaurismaki. Certains disent aussi : de Tati.

Dans la rue des Habitants, il n’y a qu’un seul commerce : une boucherie. Et le patron : un boucher à la libido débordante. Et sa femme qui s’en fiche, ou plutôt qui se refuse à lui, qui se replie dans la foi et le jeun jusqu’à devenir l’idole du coin. On voit des foules qui arrivent d’un autre nulle part pour venir la vénérer. Dans ce lotissement, il y a aussi un garde-champêtre coincé (qui commettra un crime), et sa femme qui saura s’occuper du boucher en détresse, un temps du moins.  Il y a encore un jeune garçon, fils du boucher, fasciné par Patrice Lumumba, le héros de l’indépendance du Congo belge. Qui suit les infos à la radio jusqu’à l’assassinat de son héros.

Le tout sous le regard malicieux du facteur – interprété par le réalisateur lui-même – qui évidemment connaît les secrets de chacun puisqu’il ouvre le courrier avant de le distribuer. Un facteur qui se fait un malin plaisir de semer le trouble dès que l’occasion se présente.

Dans l’outrance délibérée qui sévit à tous les niveaux, Alex van Warmedam donne du relief à tous ses personnages sans jamais les transformer en pantins. Il fait jaillir la « vraie vie » cachée quelque part. Si l’on rit du boucher ou du garde-champêtre, on souffre également avec eux. Le rire suscité Les Habitants est presque jaune par qu’il touche juste.

Il y a de quoi s’émerveiller dans ce film si farfelu, si fourmillant d’idées saugrenues, et qui, en même temps, ne cesse de nous renvoyer à nous-mêmes.

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