30 août – Per tutta la vita – Paris, Texas

 

Le court-métrage

Per tutta la vita

de Roberto Cattani

Durée : 05’20

Catégorie : Animation (Dessin sur papier)

Genre : Comédie sentimentale, Conte

Nationalité : Française, Italienne

Sortie : 2018

Film muet

Un sourire apparaît, les yeux suivent avec intérêt cette ronde qui raconte… Simplement magnifique !

Au cours d’un voyage aux origines de leur mémoire, une femme et un homme retracent les moments les plus importants de leur histoire d’amour.

Le cinéma d’animation italien permet régulièrement à de grands auteurs d’émerger et, après Simone Massi, il va falloir dorénavant compter avec Roberto Catani.

Présenté en 2019 aux festivals de Clermont-Ferrand et Annecy, entre autres, son film Per tutta la vita – qui signifie “Pour toujours”, en un mot – est une petite merveille, le terme n’est cette fois nullement galvaudé… Tant sur la forme, éminemment picturale et harmonieuse, que sur ce qu’il entreprend de conter.

Une histoire d’amour se déploie, mais avec le choix singulier dans le regard de partir d’une extrémité pour remonter dans le temps, jusqu’à l’origine de la rencontre, point nodal de tant d’œuvres artistiques et littéraires. C’est, en un sens, un plan-séquence de cinq minutes qui s’anime sous nos yeux, chaque dessin se modifiant pour donner une nouvelle forme, en une étourdissante symphonie qui n’est pas sans évoquer la démarche poétique d’un Schwizgebel.

Des techniques aussi nobles que la craie, les crayons de couleur, la pointe sèche ou le burin ont été employées et le champ des représentations – le cirque et son ambiance – nous rapproche aussi de Fellini, illustre compatriote du réalisateur. Un travail sonore et musical poussé achève de poser cette atmosphère de mélancolie. Celle des jours enfuis, mais dont la beauté demeure. Et la magie, même, certains chapeaux pouvant toujours abriter des lapins…

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Le long-métrage

PARIS, TEXAS

de Wim Wenders

Date de sortie : 19 septembre 1984

Date de reprise : 16 juillet 2014 (version restaurée avec ses couleurs d’origine présentée au Festival de Cannes 2014)

Durée : 2 h 27

Genre : Drame

Avec : Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Hunter Carson, Autore Clément, Dean Stockwell

Nationalités : française, britannique, allemande, américaine

               Palme d’Or, Prix de la Critique Internationale et Prix Œcuménique      au Festival de Cannes 1984

Synopsis : Un homme réapparaît subitement après quatre années d’errance, période sur laquelle il ne donne aucune explication à son frère venu le retrouver. Ils partent pour Los Angeles récupérer le fils de l’ancien disparu, avec lequel celui-ci il part au Texas à la recherche de Jane, la mère de l’enfant. Une quête vers l’inconnu, une découverte mutuelle réunit ces deux êtres au passé tourmenté.

Des paysages mythiques  – le désert, la caillasse, le soleil de plomb, la route, les motels plus ou moins sordides.  Des images qui font parfois penser à  Edward Hopper – dont Wenders est fan. La guitare du bluesman Ry Cooder. L’histoire d’un amour perdu. L’histoire d’une famille disloquée. La reconquête d’un fils par un père qui tente de se faire pardonner, et finalement, des retrouvailles dans un lieu improbable.

« Combien de temps je suis parti … Quatre ans … La moitié d’une vie d’enfant » … Quatre ans d’absence. Quatre années de silence après avoir tout abandonné, femme, enfant. Et le voilà qui revient, sans un mot, sans une bribe d’explication. Et le voilà qui surgit du désert, une casquette de base-ball vissée sur le crâne. Rouge, la casquette, et crasseuse. L’homme boit les dernières gouttes d’eau d’un bidon en plastique, le jette, reprend sa marche sous l’œil scrutateur d’un aigle qui se trouvait là …

Lui, c’est Travis, formidablement incarné par Harry Dean Stanton, dont c’est le premier ‘premier rôle au cinéma alors qu’il a déjà tourné dans des dizaines de films.  Plus tout jeune, visage taillé à la serpe. Elle, c’est Jane, lumineuse de jeunesse et de beauté, inoubliable Nastassja Kinski. Et voilà Travis partant à la recherche de Jane. Qui finit par la retrouver dans le rouge tamisé d’un peep-show aux miroirs sans tain. « Je veux vous parler … J’aime bien écouter … J’écoute tout le temps … »

Paris-Texas, c’est l’aboutissement d’un rêve d’adolescent. Né juste après la guerre dans une Allemagne qui lui semble trop étroite,  Wim Wenders avait une folle envie de grands espaces.  Il a alors 38 ans, plusieurs films à son actif (dont L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty, 1972). Arrive pile-poil une invitation de Francis Ford Coppola qui lui demande de réaliser un film sur l’auteur de romans policiers Dashiell Hammett (Le faucon maltais). En raison d’un conflit avec les studios de production, Hammett ne sortira qu’en 1982.

 Lorsque Sam Shepard (écrivain, dramaturge, acteur, metteur en scène, pressenti pour tenir le rôle de Hammet) lui envoie son manuscrit, ‘Motel chronicles’, Wenders est emballé. C’est exactement le road movie qu’il attendait. Certes, le scénario connaîtra pas mal de remaniements, ce n’est pas Sam Shepard qui tiendra le rôle principal, mais Harry Dean Stanton.

Le tournage terminé, Wenders dit provisoirement adieu aux États-Unis pour s’installer à Berlin où il peaufine le montage. Il y a une première ébauche de trois heures de Paris-Texas, que voit la direction du festival de Cannes. Le film est sélectionné en compétition, mais il faut encore y retravailler d’arrache-pied.  Décision est prise de le programmer le dernier samedi.  La veille, ses dernières bobines dans ses bagages, Wenders prend le train de nuit pour Cannes. Et arrive juste à temps pour la projection de presse. On connaît la suite.

 

 

 

 

 

 

 

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