24 février – Le ciel peut attendre – Ascension

LE CIEL PEUT ATTENDRE

de Ernst Lubitsch

« If you want to win a girl, you have to have lots of beetles. »

Date de sortie : 26 août 1946

Durée : 1 h 52

Date de reprise : 31 janvier 2018

Réalisé par : Ernst Lubitsch

Avec : Gene Tierney, Don Ameche, Charles Coburn

Genre : Comédie

Nationalité : Américaine

 

Henry Van Cleve vient de mourir, une infirmière au visage d’ange à son chevet. Son existence fut dévolue au plaisir : il se présente donc spontanément devant le diable. Mais on n’obtient pas sa place en enfer aussi facilement. Pour que Lucifer puisse juger, Henry lui raconte sa vie, dont la plus grande qualité fut, sans conteste, sa merveilleuse épouse, Martha.

Excepté les scènes en enfer, une sorte de grande salle d’attente, toutes les scènes du film se déroulent un jour d’anniversaire du héros.

« A travers ce portrait d’un Casanova infantile et attachant, Lubitsch brode une apologie de la félicité conjugale. Il traite de l’amour, du deuil, de la trahison, du plaisir et de la mort avec la pudeur de ceux qui connaissent la fragilité du bonheur. Cette comédie où le cynisme côtoie la pureté et où la mélancolie flirte avec la légèreté gamine est riche en enseignements lubitschiens : il faut beaucoup de scarabées pour séduire les filles, ne jamais laisser passer une femme qui éternue, toujours avoir un grand-père indigne chez soi, et, surtout, faire confiance à l’amour et à la beauté en Technicolor de Gene Tierney. Le ciel peut attendre n’est pas du champagne : c’est un alcool doux et profond. Avec ce film testament, Lubitsch gagna à coup sûr son billet pour le paradis. » (Guillemette Odicino, Télérama)

« Histoire d’un couple, ce n’est pas uniquement celle d’un époux, mais d’une épouse. Gene Tierney incarne pour la postérité ce personnage, possiblement ingrat, dont elle fait une personnalité vive et affectueuse, alliage de perspicacité et d’indulgence, correspondant aux exigences de l’univers de Lubitsch (elle a l’élégance de mentir à sa mère). Difficile en songeant au film de ne pas penser en premier lieu à son regard triste sous un chapeau bleu (couleur qu’elle y préfère à de nombreuses reprises), image de la véritable héroïne de ce conte d’une époque déjà révolue à l’heure de sa réalisation. Peu après, plus de Lubitsch, plus de films de Lubitsch. Le ciel pouvait attendre. » (DVD Classik)

Henry Van Cleve répond à Satan, qui lui demande comment s’est passé son décès : « Le mieux du monde, j’avais mangé tout ce que les médecins m’avaient interdit. J’ai eu un accès de fièvre et quand je me suis réveillé, tout le monde autour de moi parlait doucement en disant du bien de moi, alors j’ai compris que j’étais mort. »

Gene Tierney révèle dans son autobiographie qu’elle ne pouvait répondre aux exigences qu’Ernst Lubitsch lui imposait. Une fois, l’actrice lui a demandé de cesser de lui crier dessus. Celui-ci rétorqua : « Je suis payé pour vous crier dessus. -Et moi je suis payée pour tout entendre, mais pas assez », lui répondra Gene Tierney. Après un silence, Lubitsch éclata de rire. Lui et l’actrice devinrent très vite amis.

Même si on évitera le terme de testament, Le ciel peut attendre ressemble toutefois à un bilan cinématographique et humain particulièrement émouvant.

 

Le Ciel peut attendre a été nommé aux Oscars de la Meilleure Photographie, du Meilleur film et du Meilleur Réalisateur.

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Le court

Ascension

de Thomas Bourdis, Martin de Coudenhove et Caroline Domergue

06’50, Animation, Humour, 2013, Film muet

Au début du vingtième siècle, deux alpinistes montent la statue d’une Sainte Vierge en haut d’une montagne.

Grand voyageur des festivals d’animation sur tous les continents en 2014, Ascension prouve à son tour le haut niveau des écoles d’animation françaises, étant signé de cinq étudiants de Supinfocom Arles maîtrisant parfaitement l’image numérique 3D. Leur film joue habilement du postulat géographique de son intrigue, tout en verticalité et suit ses deux personnages dans leur mission en les regardant en plongée, en contre-plongée ou de côté, lorsque l’un d’entre eux chute, infortuné, dans une crevasse.

Les décors de montagne sont grandioses, d’autant que la lumière du film traduit le passage du jour, les scènes ultimes de l’ascension étant nimbées des rayons d’un soleil couchant, pour un rendu visuellement superbe. Pour ce qui est de l’histoire, la sulpicienne mission du duo d’escaladeurs – installer une Vierge au sommet d’un pic – est heureusement battue en brèche par un humour très “cartoonesque” et politiquement quelque peu insolent, puisque l’un des audacieux perd successivement ses prothèses de jambe et de bras, tandis que la statue sacrée filera sur la neige comme un bobsleigh ! On peut heureusement rire de tout, surtout dans le champ de l’animation !

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