20 juin – Le p’tit bal – The music of strangers -

Le court :

Le p’tit bal

de Philippe Decouflé

04’00 ; Fiction ; Humour, Comédie sentimentale ; France ; 1993

Ludique et poétique, un film culte de Philippe Découflé !

Sur une chanson de Robert Nyel et Gaby Verlor, interprétée par Bourvil, ‘C’était bien‘, un couple se communique toute l’émotion de son amour dans un langage dérivé de la langue des signes.

Le p’tit bal est signé du danseur et chorégraphe français Philippe Decouflé, né en 1961. C’est cette même année que vit le jour la fameuse chanson française C’était bien, parfois renommée Le p’tit bal perdu. Robert Nyel est l’auteur des paroles, et Gaby Verlor la compositrice de la musique. Elle fut initialement interprétée par Juliette Gréco, puis quelques mois plus tard par Bourvil, qui chante la version choisie ici. Comme pour un clip vidéo, la durée du film colle à celle de la chanson.

Decouflé est l’homme-orchestre de cette aventure cinématographique, dont il assure le scénario, la production, la réalisation et l’interprétation. Il incarne le héros de son film, au côté de la danseuse et chorégraphe Pascale Houbin. Assis côte à côte à une table, au cœur d’un champ, ils accompagnent corporellement les couplets et refrain, dans une gestuelle inspirée par le langage des signes.

La fantaisie poétique naît d’un travail sur les situations et sur l’association d’idées avec les mots énoncés par Bourvil. Ainsi, l’homme s’empare d’un téléphone, et la femme d’une bouteille de lait, en parallèle de la répétition vocale « qui s’appelait, qui s’appelait, qui s’appelait », devenu un jeu entre « appel » et « lait ». Autour d’eux, un décor champêtre, coloré et joyeux.

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Le long :

THE MUSIC OF STRANGERS

de Morgan Neville

« Pendant une heure et demie, on est persuadé que la musique peut changer le monde »

(François Forestier, Le Nouvel Observateur)

Date de sortie : 7 décembre 2016

Durée : 1 h 36 mn

Réalisateur : Morgan Neville

Genre : Documentaire

Avec : Yo-yo Ma, Keyhan Kalhor (iranien), Wu Man (chinoise), Cristina Pato (galicienne), Kinan Azmeh (syrien

Nationalité : Etats-Unienne

Avec humour, tendresse et émotion, The Music of Strangers nous raconte l’histoire de personnes exceptionnelles de talent, d’humilité et de générosité, des musiciens prodigieux venus du monde entier et rassemblés à l’initiative de Yo-Yo Ma. Dès les premières images, Yo-Yo Ma, taquin, donne le ton. On découvre l’homme qui se cache derrière le virtuose : l’œil pétillant, curieux de tout, attentif aux autres.
Des plus grandes salles de concert européennes aux camps de réfugiés de Jordanie, des rives du Bosphore aux montagnes chinoises, ces virtuoses unissent leur art et leurs cultures et font la démonstration qu’avec des idées simples et des convictions fortes, on peut changer le monde.

Fondé par le prodige du violoncelle américain Yo-Yo Ma en 2000, le Silk Road Ensemble réunit une soixantaine d’interprètes venus du monde entier. C’est, en quelque sorte le « Projet Manhattan de la musique ». Le concept : composer un son unique en mélangeant cultures et influences. Un idéal poursuivi par des musiciens au destin hors normes, qui font l’objet de ce documentaire. Il nous fait découvrir Kinan Azmeh, clarinettiste syrien, ou encore Wu Man, joueuse chinoise de pipa — instrument à cordes pincées —, exilée aux Etats-Unis. Ce film, du réalisateur américain Morgan Neville, offre une magnifique leçon de tolérance et d’ouverture.

Yo-yo Ma a subi des influences culturelles chinoises (par ses parents), françaises (il a vécu en France jusqu’à l’âge de sept ans et y a commencé le violoncelle dès quatre ans) et américaines (où il vit depuis cette date). Il a donné son premier concert au Carnegie Hall à quinze ans, en 1971. A Harvard, il s’est découvert une passion pour l’anthropologie.

Yo-yo Ma se caractérise dans ses rapports par une approche chaleureuse, bienveillante, concentrée et éminemment curieuse. C’est ce qui l’amène à s’intéresser à toutes les musiques traditionnelles. Il s’enthousiasme dès qu’on lui présente un projet à base d’instruments parfois plus hétéroclites les uns que les autres qu’il finit par accompagner de son violoncelle. Il n’a pas hésité par exemple, à allier son violoncelle avec la cornemuse galicienne de Cristina Pato. C’est ainsi, par ailleurs, qu’il est devenu l’un des parrains du Sea Change Project, une association dédiée à la préservation des forêts de kelp, une espèce de varech, dans les eaux côtières sud-africaines, lui donnant ainsi un retentissement mondial. De même, il a donné en 2019, à Djakarta, un concert intitulé Music in the Mangroves pour aider à alerter sur l’importance de sauvegarder ces écosystèmes menacés.

Enfant prodige, il a enregistré plus de cent albums et reçu dix-huit Grammy Awards. Cependant, cela ne l’empêche pas de rester humble, infatigable et résolument optimiste. Pour lui, la culture a un sens très large mettant en convergence les arts, les sciences et la société. Le partage de sa musique est avant tout pour créer du lien avec les individus et le monde. Il prend ainsi le temps, lors d’évènements, de bavarder avec des inconnus, posant des questions à tout le monde. Il aime comprendre: il veut savoir.

En 2018, il s’est lancé dans le Bach Project, une expérience ambitieuse consistant à utiliser la musique et la culture pour créer des ponts permettant d’établir le dialogue avec des communautés en vue de mettre en valeur des actions qui vont dans le bon sens. Pour ce faire, il s’est fixé d’effectuer une tournée dans 36 destinations à travers le monde telles que Bombay, Dakar, Mexico ou Christchurch. Il en profite alors pour rencontrer des citoyens, des dirigeants communautaires, des artistes, des écoliers, des militants… afin de les sensibiliser à des questions de portée locale ou globale. A Chicago, pour aborder le problème de la violence, il a planté des arbres au moyen d’outils fabriqués à partir d’armes qui avaient été données. En Corée, il a fait décorer des cerfs-volants représentant les aspirations des villageois pour leur avenir.

Yo-yo Ma résume ainsi sa quête : « J’essaie continuellement de déterminer qui je suis, et comment je m’intègre au monde, et je pense que ce sont des interrogations que je partage avec 7 milliards de personnes. »

« C’est le film le plus difficile que j’aie réalisé » explique Morgan Neville. « Obtenir les autorisations de tournage a été compliqué dans de nombreux endroits. Particulièrement dans le camp de réfugiés en Jordanie où l’on nous a finalement demandé de partir. En Chine, nous avions un garde du corps du gouvernement qui nous suivait partout. »

 

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