Jeudi 15 mars – Fête du Court-Métrage -

EXCEPTIONNEL : Séance GRATUITE

 15 films choisis par nos soins dont la sélection Polar SNCF présentée au

Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand 2018

 

WIND (Allemagne) 3’50 : La découverte d’un monde dominé par le vent, et de la vie de ses habitants qui ont appris à vivre avec…

Le cinéma d’animation aime jouer avec les grandes lois physiques qui régissent depuis toujours la vie sur notre Terre. On se souvient du décoiffant Rubika et de sa façon toute particulière d’envisager la gravité, voici cette fois, venu du département “design” d’une université allemande, l’inventif Wind, qui fait souffler à l’écran une très puissante bise, depuis la gauche vers la droite.

Cette totale liberté prise avec la pesanteur permet la concrétisation de situations inédites et ingénieuses, comme le fait de servir du vin en une coulure horizontale, de jouer au ping-pong sans adversaire direct ou de laisser un nourrisson dans les airs, tenu par une ficelle comme un vulgaire ballon gonflé à l’hélium ! Le graphisme acéré et les teintes pastel du dessin évoquent un monde apaisé, qui tourne impeccablement ainsi et ne se concevrait aucunement sans ce vent lui donnant paradoxalement son équilibre.

La métaphore devient donc perçante, même sans la moindre ligne de dialogue, lorsque le mouvement s’interrompt et que tout retombe ! On s’habitue à tout, même à ce qui nous empêche d’avancer : le constat est décidément implacable…

LUMINARIS (Argentine) 6’15 : A Buenos Aires, un homme travaillant dans une usine d’ampoules rêve à d’autres horizons…

LA QUEUE DE LA SOURIS (France) 4’10 : Dans une forêt un lion capture une souris et menace de la dévorer. Celle-ci lui propose un marché.

T’ES UN BONHOMME (France) 2’14 : Sous la pression de son grand frère, Willy va devoir devenir un homme…

Le quiproquo est en lui-même un procédé susceptible de désorienter et de ravir tout à la fois les spectateurs, depuis les origines du théâtre classique jusqu’aux plus gros succès de la comédie populaire à l’écran. T’es un bonhomme s’inscrit dans cette riche tradition de déconstruction des apparences, et surtout du préjugé des regards, en mettant en scène deux frangins issus d’une zone perçue immédiatement comme sensible et synonyme de violences latentes. Un jeune homme qui s’approche tranquillement pourrait bien en être la victime expatoire au moment de s’engager dans un tunnel qui évoque le terrible souterrain de l’Irréversible de Gaspar Noé…

Pas question de “spoiler” ici le nœud d’un film très court – à peine deux minutes ! – primé en 2017 pour son scénario, justement, lors du Mobile Film Festival, une opération qui aura, par sa vocation même – avec comme seule nécessité le recours à un smartphone – véritablement démocratisé l’accès à la fiction pour toute une génération de créateurs a priori éloignés des arcanes du Septième Art. T’es un réal’, bonhomme !

LA REVOLUTION DES CRABES (France) 4’10 :  La vie de deux personnages qui se suivent au delà des murs.

COUNTRY STATE USA (USA) 22’15 :  Après avoir braqué une banque dans une petite ville de province, un adolescent doit s’en remettre entièrement à un autochtone, un agriculteur menacé de saisie. Un classique du genre.

STAND BY (Royaume-Uni) 5’30 :  Gary et Jenny partagent le même bureau : les sièges avant d’une voiture de patrouille. Leur relation contraste avec le défilé de voyous qui occupent le siège arrière. Un huis clos à l’anglaise.

MATICES (Mexique) 4’50 :  Lors d’une partie d’échecs, deux vieillards se reconnectent avec un passé qu’ils pensaient avoir laissé derrière eux. Court, concis et pourtant tout est dit.

SPEED DATING (France) 12’30 :  Jacques, négociateur au GIGN, a sept minutes pour séduire une femme… Le temps de désamorcer la bombe sur laquelle elle est assise. Un sujet grave au traitement décalé.

BALCONY (Royaume-Uni) 17’00 :  Dans un quartier où règnent de fortes tensions raciales, une adolescente se rapproche d’une jeune immigrée, victime de préjugés et de harcèlement. Un film puissant sur le courage et de tolérance.

SECOND LIFE (Russie) 20’30 :  Yuri emménage dans un nouvel appartement. La visite d’une voisine lui apprend que l’ancien locataire des lieux a été assassiné. Un étranger sonne alors à sa porte… Une aventure pleine d’humeurs et d’humour.

GARDEN PARTY (France) 7’00 :  Poussés par leur instinct, des amphibiens explorent une villa abandonnée. Impressionnant sur tous les registres.

Véritable météore dans le ciel de l’animation internationale de 2016/2017, Garden Party est à l’origine un film d’école, réalisé par six étudiants du MOPA, établissement spécialisé dans l’image de synthèse et installé à Arles. La perfection de son graphisme en 3D s’affirme du reste dès les premières images et la découverte des protagonistes du film, des grenouilles et crapauds plus vrais que nature, dont l’extrême détail des textures de peaux pourrait aussi bien faire penser à un documentaire animalier filmé en haute définition !

La lumière de cet impressionnant exercice de style est en outre particulièrement soignée, tandis que sa narration dévoile peu à peu un univers de désolation. On découvre une villa cossue ayant subi de lourdes avaries, avec à la clé une surprise de taille, qu’il convient de ne pas révéler ici, mais qui introduit un surprenant clin d’œil politique, à la faveur d’une chute savoureusement macabre… Dans le sillage d’une kyrielle de prix et de sélections en festivals, le film figure dans la présélection de sa catégorie pour les Oscars 2018, de quoi laisser espérer à ses auteurs de visiter la Californie, en personne cette fois et non via leurs saisissantes images numériques…

SUPERVENUS (France) 2’38 : Un chirurgien plastique fabrique en temps réel la nouvelle déesse de la beauté.

Supervénus s’impose par sa stupéfiante efficacité. En moins de trois minutes, une fable sur l’époque est malicieusement troussée, tout en surprenant dans son jusqu’auboutisme délicieusement monstrueux. Le nouveau siècle est celui des apparences, qui règnent de la mode à la télé-réalité, et les magazines sont passés dans l’ère Photoshop, qui modèle et arrange tous les clichés publiés, et pas seulement ceux des mannequins ou des vedettes du cinéma et de la chanson. Frédéric Doazan s’interroge sur ce que ce serait la Vénus du 21e siècle et nous plonge d’emblée dans les pages d’un Atlas élémentaire d’anatomie de jadis.

Mais point de nostalgie : la malheureuse “femme parfaite” qui y est représentée va passer entre les mains d’un apprenti-sorcier particulièrement motivé : le collagène gonfle les lèvres et les poitrines, on ôte une côte de-ci, de-là, on joue du scalpel et cette boucherie esthétique ne s’arrête jamais, le registre gore annoncé par la substitution d’un globe oculaire s’aggravant vers un désastre total. Après celle de Milo, voici la Vénus en lambeaux…

A BRIEF HISTORY OF PRINCESS X (France) 7’08 :  Retour sur l’histoire de Princesse X, phallus en bronze futuriste et doré sculpté par Brancusi, qui est en fait un buste de l’incroyable petite nièce de Napoléon, Marie Bonaparte.

Le Portugais Gabriel Abrantes est sans nul doute l’une des figures les plus iconoclastes du jeune cinéma européen et affirme son esprit farfelu à travers des œuvres de tous formats, avec un talent évident dans l’écriture comme dans la mise en scène.

Dans la version internationale, en anglais, de son court métrage A Brief History of Princess X, il assure lui-même la voix de narration de l’insolite aventure qu’il y relate, celle d’une œuvre d’art qui ne l’est pas moins, signée Brancusi et propice à de divergentes interprétations. Un tel postulat amène à élargir au fil de cette “brève histoire” notre point de vue, ressusciter des figures historiques, dont celle de Sigmund Freud, et de revenir aux thèmes de prédilection du cinéaste, comme la genèse de la création artistique, le goût de la provocation ou la sexualité, notamment sur son versant féminin. Le tout sans se défaire de ce ravageur humour devenu emblématique et avec un brio formel étourdissant.

Jouissif, à tous les points de vue !

A SINGLE LIFE (Pays-Bas) 2’15 :  En écoutant un mystérieux 45-tours, Pia peut soudain voyager dans le fil de son existence.

Nommé à l’Oscar du court métrage d’animation à Hollywood en 2015, A Single Life est le nouveau petit bijou concocté par un trio néerlandais déjà remarqué dans les festivals du monde entier avec son précédent opus : Mute.

En moins de trois minutes et sans aucun recours au dialogue, une fable existentielle – rien que ça ! – qui habilement troussée, par le biais d’un disque vinyle permettant de voyager dans le temps, vers le passé ou vers un avenir lointain. Toute une vie se voit ainsi balayée, avec beaucoup de drôlerie d’abord (les tranches d’une pizza comme autant de quartiers d’une horloge), puis en portant un regard d’une lucidité implacable sur la vieillesse et ses aléas – la pimpante héroïne est aperçue, à l’hiver de son existence, poussant son déambulateur. Et sans même parler de l’étape suivante…

L’animation en 3D, aux couleurs chatoyantes, est portée par une pétillante composition musicale et le film parle aux grands comme aux petits. Valeurs désormais sûres de l’animation européenne, les trois réalisateurs ont été choisis par la ville d’Utrecht pour illustrer, via un nouveau film court intitulé Bon voyage !, l’événement s’y déroulant alors étant le départ du Tour de France !

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