26 juillet – 30° couleur

Dans le cadre du Festival EUROPA

30° couleur

Date de sortie : 14 mars 2012

Réalisateurs : Lucien Jean-Baptiste et Philippe Larue

Avec : Lucien Jean-Baptiste, Edouard Montoute, Marie-Sonha Condé, …

Genre : Comédie

Nationalité : Française

Patrick est un homme rigoureux et borné. Elève brillant aux Antilles, sa mère l’a envoyé à l’âge de dix ans pour faire ses études en « France ». 30 ans plus tard, il est devenu un historien réputé et fier. Coupé de sa famille et de ses traditions, il s’est intégré au point d’en avoir oublié ses racines… Un noir devenu « blanc à l’intérieur »… Apprenant que sa mère est sur le point de mourir, il part en urgence pour la Martinique, avec sa fille unique, et y débarque en plein carnaval. Durant trois jours, accompagné de son ami d’enfance, l’irrésistible Zamba, il va être emporté dans un tourbillon de folie, d’émotion, d’humour et de situations rocambolesques.
Un voyage initiatique rythmé par l’ambiance et les couleurs du carnaval. Trois jours qui vont changer sa vie.

Le réalisateur Lucien Jean-Baptiste explique ce qui l’a poussé à faire ce film, montrant par la même occasion à quel point 30° Couleur s’inspire de son propre vécu : « Après La Première étoile  (son premier film), j’avais en tête une histoire de retour au pays natal depuis le jour où ma mère m’avait annoncé qu’elle ne voulait surtout pas être enterrée en Martinique, ce qui avait été un véritable choc pour moi ! J’avais donc imaginé, à l’époque, l’histoire d’un professeur antillais contraint d’aller récupérer le corps de sa mère décédée aux Antilles », se rappelle-t-il, en ajoutant : « Je voulais y greffer mes propres expériences, ma méconnaissance de la culture, de l’histoire et de certaines traditions antillaises. Parler de cet effet dévastateur et pervers des mégapoles sur les cultures d’origine des populations qui les composent. »

Lucien Jean-Baptiste, qui incarne Patrick dans 30° Couleur, a fait un véritable travail sur la composition de son personnage, qu’il voulait le plus éloigné possible de son rôle de « gentil raté » dans son précédent et premier film La Première étoile : « Philippe avait envie que j’évolue comme acteur. Et inutile de vous dire que je partageais ce désir de m’éloigner de mon emploi habituel du « gentil black ». Surtout, au-delà de mon cas, de faire évoluer les choses dans le cinéma français : jouer un Noir qui occupe un poste important comme il y en a de plus en plus aujourd’hui. Or, Patrick a non seulement le savoir, mais aussi le pouvoir et l’argent. Et, pour le jouer, je me suis donc imprégné de la manière dont ces gens de pouvoir se tiennent physiquement avec une certaine droiture. Cela m’a permis d’aller à l’opposé du personnage de La Première étoile qui était, à sa manière un cliché : le Noir qui n’a pas de travail, turfiste, fainéant… », explique-il, en concluant : « On voulait montrer qu’en étant parfaitement intégré on pouvait être confronté à d’autres problèmes. Les gens issus de minorités ont parfois tendance à en faire un peu trop lorsqu’ils réussissent. »

Le directeur de la photographie Renaud Chassaing a porté un soin tout particulier à la dichotomie des couleurs entre Paris et la Martinique. Il s’est également appuyé sur les codes du carnaval pour mettre en place un vrai travail sur les couleurs du film. En effet, durant cet évènement, tout le monde est en rouge au moment du Mardi Gras, et en noir et blanc lors du Mercredi des Cendres. Pour le Lundi Gras, plus multicolore, le choix s’est porté sur le rose, caractéristique dominante du personnage de Zamba (Edouard Montoute). Un travail minutieux à la hauteur du titre du film, 30° couleur !

Lucien Jean-Baptiste, né à la Martinique, et son coscénariste et coréalisateur Philippe Larue ont tourné à Fort-de-France pendant le carnaval. Ils ont réussi à glisser leurs personnages dans cette fête de masse, qui est filmée ici à la fois comme une célébration de cette culture construite dans la lutte (contre l’esclavage, contre la marginalisation) et un moyen d’échapper à la réalité.

Pendant le tournage, qui a eu lieu en plein carnaval, Edouard Montoute s’est complètement perdu, l’acteur ayant été littéralement aspiré par la foule sans entendre le « Coupez ! » du réalisateur : « On a fait beaucoup de plans volés où la caméra me suit et, à certains moments, je n’entendais pas le « Coupez » et je continuais ma route. Porté par la marée humaine, je me retrouvais très loin de l’équipe et incapable de les repérer d’un coup d’œil pour les rejoindre au plus vite, car ils étaient tous habillés en rouge pour ne pas se faire remarquer à l’écran ! Dans ce cas, il faut remonter le fleuve et ça n’a rien d’évident, je vous jure ! », se remémore le comédien avec humour.

 

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