le court:
Les oiseaux en cage ne peuvent pas voler
de Luis Briceno
Film d’Animation; 2000; 03’00
Un film libre au sujet d’oiseaux emprisonnés… Une succession de saynètes drôles, répondant à la question : les oiseaux en cages peuvent-ils voler ?
Luis Briceno, né au Chili, vit en France depuis 1992. Ce touche-à-tout prolifique (bandes annonces TV, vidéo-clips, courts métrages, publicités…) Dans Les oiseaux en cage ne peuvent pas voler, il fait un clin-d’oeil à une grande figure du cinéma d’animation : Nick Park, le papa de Wallace et Groomit.
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le film:
LE DIEU ELEPHANT
( Joi Baba Felunath en Bengali )
de Satyajit Ray
film de 1978 avec Soumitra Chatteriee, Siddhartha Chatteriee, Santosh Dutta
Résumé: Le détective Felu, aidé de ses amis Topshe et Jatayu, est chargé de retrouver une statuette volée, représentant le dieu éléphant Ganesh. Alors que ses soupçons se portent rapidement sur un gangster local, la fête Durga se prépare et un curieux personnage, qui se fait appeler l’Homme-Poisson, attire les foules avec ses miracles.
Ray :
Artiste complet, on n’a longtemps connu de lui qu’une suite de trois chefs-d’œuvre : La Complainte du sentier, L’Invaincu, Le Monde d’Apu (la « trilogie d’Apu ») qui ouvre sa carrière, récit de l’enfance et de la jeunesse de son personnage principal. Il sait aborder les questions fondamentales de la société indienne et, plus particulièrement, bengalie. Les rapports de classes sont au centre d’une œuvre désormais reconnue comme l’une des plus grandes de l’histoire du cinéma mondial.
Avec « Le dieu éléphant »Ray changeait totalement de registre, abandonnant le drame pour une fantaisie policière adaptée de l’un de ses propres romans. Les péripéties du film s’adressent davantage aux enfants tout en restant plaisantes pour les adultes.
Elles mettent en scène le détective Feluda (joué une nouvelle fois par Soumitra Chatterjee), son jeune assistant Topshe, et leur vieil ami commun, un auteur populaire de romans policiers pour enfants. Les trois comparses ont à peine débarqué à Benarès, une ville sacrée où ils viennent se reposer, qu’on les sollicite illico. La nuit précédente, un précieux pendentif qui contenait l’effigie de Ganesh, le dieu éléphant, a été dérobé. Seul Feluda, le Sherlock Holmes indien, réputé pour ses capacités quasi divinatoires, peut désépaissir le mystère.
Ce divertissement sans prétention n’empêche pas Ray d’introduire des considérations sociales avec de très belles séquences semi-documentaires : des scènes tournées en extérieurs réels dans les rues grouillantes de population, ou sur les rives du Gange durant les rituels d’ablution quotidiens. L’intrigue très nonchalante, à l’humour léger et parodique, joue volontairement le registre de l’invraisemblance, alternant périls et atmosphère bon enfant. Les figures obligées se déroulent dans un jeu de piste nébuleux, ponctué par des revirements théâtraux : le vilain caricatural, l’assassinat du témoin innocent, l’imposteur déguisé en sage, les faux sortilèges…
« Le dieu éléphant » est tourné en couleurs, fait notable chez un réalisateur qui aura beaucoup réalisé, pour des raisons économiques ou esthétiques, ses films en noir et blanc. Le soin que Ray apporte une nouvelle fois aux images compense la légèreté de cet essai de comédie policière qui lorgne malicieusement du côté des feuilletons illustrés.