16 septembre – Au fil du temps – Deux escargots s’en vont…

AU FIL DU TEMPS

Un film de Wim Wenders

Date de sortie : 1976

Date de reprise : 14 mars 2018 – Version restaurée

Durée : 3h 00min

Réalisateur : Wim Wenders

Avec : Rüdiger Vogler, Lisa Kreuzer, Hanns Zischler

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : ouest-allemande

Marginal et solitaire, Bruno va de ville en ville, à bord de son camion aménagé en camping-car, pour réparer et entretenir le matériel des petites salles de cinéma. Il se déplace le long de la frontière qui sépare l’Allemagne de l’Ouest de la RDA. Un matin, arrêté près d’une rivière, il fait sa toilette lorsqu’une voiture se jette littéralement à l’eau. Bruno en tire le conducteur, Robert, pédiatre en rupture de famille. Robert, pour quelques jours, s’installe dans le camion, accompagnant Bruno dans son périple, lui confiant des bribes de sa vie au fil des arrêts. Cette rencontre amène peu à peu les deux hommes à réfléchir sur leur destinée…

 

Après Alice dans les villes et Faux mouvement, Au fil du temps est le dernier volet de la « trilogie de l’errance » de Wim Wenders. Un somptueux voyage aux lisières du monde. Malgré la sinistrose ambiante il reste pourtant son film le plus excitant et même le plus drôle.

 

« C’est un film qui compte. De ceux que l’on garde secrètement au fond de soi parce qu’un jour on s’y est totalement reconnu. Ce jour-là, Wenders comblait notre désir en reliant pour nous la cinéphilie, le rock, l’errance, la fascination pour l’Amérique du voyage et une forme d’introspection tout européenne. Voir Au fil du temps, c’est s’engager dans une relation de confiance de trois heures où le défilé des paysages, l’attente et la contemplation produisent un sentiment exaltant et ambivalent de fuite et de cheminement. Wim Wenders nous invite à traverser les décombres d’une Allemagne désaffectée, plongée dans une étrange léthargie. Selon les moments, Bruno et Robert apparaissent comme des cow-boys solitaires en quête d’une identité ou comme des ados attardés. Crise profonde ou caprices : qu’importe, on les suit jusqu’au bout, avide comme eux de kilomètres, de souvenirs d’enfance réveillés, de hasards favorables. On est touché par la beauté des cadrages (quelques clins d’œil à Walker Evans), le noir soyeux et le blanc poudreux. On est scié par la scène audacieuse de défécation. [...] Cette pérégrination initiatique, sans début ni véritable conclusion, est toujours la plus intense de Wim Wenders. » (Jacques Morice, Télérama)

 

Le titre anglais du film, Kings of the Road (rois de la route) est repris d’une chanson de Rock n’ Roll que Bruno écoute dans son camion.

Ce film « enregistre aussi le désastre du cinéma allemand de l’après-guerre, réduit à des sous-produits pornos ou folkloriques, projetés dans des salles désertées au bord de l’abandon. Mieux vaut que le cinéma meure plutôt qu’il abrutisse ou dégoûte les spectateurs avec des images tristes et obscènes, telle est le propos d’une vieille gérante de salle à la fin du film, discours qui est celui de Wenders qui parlait à l’époque de « cinéma du mépris » et a construit son œuvre sur les ruines d’une industrie corrompue par la guerre et le nazisme. » (Olivier Père, Arte)

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Le court

Deux escargots s’en vont

de Jean-Pierre Jeunet et Romain Segaud (2016)

En deux mots

Le nouveau chef-d’œuvre de Jean-Pierre Jeunet !

Synopsis

Deux escargots s’en vont à l’enterrement d’une feuille morte.

Pour aller plus loin

Certains réalisateurs confirmés reviennent parfois, ne serait-ce que le temps d’un film, au format du court métrage. Juste pour le plaisir et la liberté… C’est le cas de Jean-Pierre Jeunet, figure de proue du court français des années 1980 et qui a éprouvé l’envie d’animer de petites créatures que lui a inspiré l’œuvre d’un artiste qu’il admire, Jephan de Villiers. Faites de bois, de feuilles et de matériaux naturels, elles composent un bestiaire insolite et sympathique qui prend vie sous nos yeux et se livre à la récitation d’un poème de Jacques Prévert, À l’enterrement d’une feuille morte. Les voix de doublages étant assurées par une vingtaine d’acteurs ayant pour la plupart croisé la route de Jeunet, on s’amuse à tenter de les identifier, de Jean-Pierre Marielle à Audrey Tautou, en passant par Mathieu Kassovitz, Yolande Moreau ou Jean-Paul Rouve.
Mais le principal atout de ce petit film au cachet délibérément artisanal est lié à la beauté du texte et à la singularité de ces “bestioles” plus ou moins exotiques qui le déclament avec conviction. Des réminiscences de l’enfance, motif privilégié de Jeunet, remontent en nous, douces et apaisantes, alors que « là-haut dans le ciel la lune veille sur eux »…

Générique

Production Tapioca films

Scénario Jean-Pierre Jeunet Musique Raphaël Beau

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