Dimanche 15 Avril – Mode-express et Un vrai crime d’amour

Ciné-Get Revel

Dimanche 14 avril – 20h.30

 

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1/ le court :

Mode-express

de Manon Talva et Louis Lecointre

Durée 02’20 • Catégorie Fiction • Genre Drame social • Pays France • Année 2022 •

D’où viennent ces vêtements bon marché que nous portons ?  Cet éclairage en split screen l’évoque brillamment. Prix international du Nikon Film Festival 2022.
Mode-express nous plonge dans le quotidien de Romy et Lili. Deux femmes, deux continents, deux modes de vie qui se croisent dans une société de consommation.

Avec Mode-express, Manon Talva et son coréalisateur Louis Lecointre ont remporté le Prix international de la 12e édition du Nikon Film Festival, en avril 2022, sur le thème “Un rêve”. La force du film est de mettre en scène deux femmes en parallèle, sur deux continents différents, et d’un bout à l’autre de la chaîne du l’industrie vestimentaire. L’une en Asie : Lili ; l’autre en France : Romy. Montage parallèle et split screen racontent par effet de comparaison immédiate le gouffre qui séparent les deux personnages. Sans paroles, l’aventure décrit aussi l’exploitation humaine, la pression économique et la précarité d’un côté, la consommation en chaîne, le confort à portée de main et le profit de l’autre. Ombre et lumière, rêve inaccessible pour l’une, plaisir facile pour l’autre.
Un texto en guise d’épiphanie occidentale : “Meuf, je viens de trouver la robe de mes rêves”. Puis un regard dans le vide mélancolique, version extrême-orientale. Deux minutes et quelques suffisent aux cinéastes pour exposer leur propos simple et implacable. Fiction assumée autant que témoignage politique, Mode-express joue de la rapidité narrative pour signifier les paradoxes terrestres.Générique

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2/ le film :

 Un vrai crime d’amour (Delitto d’amore)

de Luigi Comencini

Avec Giuliano Gemma et Stefania Sandrelli, film de 1974

Printemps 1974, Festival de Cannes : Delitto d’amore (Un vrai crime d’amour) de Luigi Comencini est dans la compétition. Il repartira bredouille. Tout comme ses interprètes Stefania Sandrelli et Giuliano Gemma. C’est Conversation secrète de Francis Ford Coppola qui remporte la palme. Marie-José Nat et Jack Nicholson sont les lauréats des prix d’interprétation.

Luigi Comencini était venu à Cannes après deux énormes succès populaires en Italie, sa version des Aventures de Pinocchio en 1972 (pour la télévision – une version courte pour le cinéma sort en 1975) et la même année l’Argent de la vieille (au cinéma). Ces deux œuvres caractérisent deux thèmes essentiels du cinéma de Comencini : l’authenticité de l’enfance et la comédie de la société des adultes.

Luigi Comencini (1916-2007) après des études d’architecture devient critique de cinéma, aide à la fondation de la Cinémathèque italienne, réalise des documentaires puis des films sur les enfants des rues et la prostitution avant de connaître le succès en 1953 avec Pain, amour en fantaisie (avec Vittorio de Sica et Gina Lollobrigida). Mais Comencini s’éloignera peu à peu de la comédie bon enfant pour pratiquer la satire, parfois féroce, tout aussi bien que la peinture pleine de tendresse de l’enfance. A la première catégorie appartiennent notamment La grande pagaille en 1960, Qui a tué le chat ? en 1977, Le grand embouteillage en 1979. De la seconde on peut citer L’incompris en 1967 et Casanova, un adolescent à Venise en 1969, probablement ses deux chefs d’œuvre. Ce qui est remarquable dans l’art de Comencini est qu’il s’attache à conjuguer les contrastes voire les contraires. Le réalisme est teinté de gentillesse, le comique se mêle à la mélancolie, la satire et la caricature s’allient à la bienveillance.

Comencini ne dédaigne pas le mélodrame. Mélodrame psychologique pour L’incompris, sur les rapports père-fils, mélodrame social pour Un vrai crime d’amour.

Si l’on souhaite jeter un coup d’œil sur la vie quotidienne dans l’Italie d’il y a 50 ans (et la France, bien sûr, n’est pas loin), Un vrai crime d’amour s’impose. C’est une histoire d’amour contrariée. Contrariée par l’origine des protagonistes. Lui est milanais, elle est venue de Sicile. Contrarié par les traditions familiales. Lui est communiste, elle est catholique. Contrariée par la difficulté de vivre lorsqu’on travaille en usine, ce qui est le cas de tous les deux. Le travail n’est pas seulement aliénant il est aussi dangereux (deux ans plus tard la catastrophe de Seveso en Lombardie illustrera l’acuité écologique d’Un vrai crime d’amour). Pour incarner cette chronique sociale Comencini a choisi deux acteurs populaires. Stefania Sandrelli, née en 1946 et Giuliano Gemma (1938-2013). Dès son premier film, Divorce à l’italienne de Pietro Germi (1961) où elle donne la réplique à Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli acquiert la célébrité et devient une habituée des comédies italiennes. On la retrouve deux autres fois dans des films signés Comencini (un sketch de La fiancée de l’évêque et Le grand embouteillage)  et elle tourne également sous la direction de Monicelli, Bertolucci, Sordi et Scola. En France, Mocky, Melville, Becker, Corneau, Chabrol, Granier-Deferre font appel à la belle Stefania sans oublier Jean-Louis Trintignant en 1978 (le méconnu Maître-nageur, l’un des deux seuls films où l’acteur passe derrière la caméra) qu’elle avait rencontré neuf ans plus tôt dans Le conformiste de Bernardo Bertolucci.

Quant à Giuliano Gemma, c’est une vedette des séries B, qu’il s’agisse de péplums, de spaghetti-westerns (la série des Ringo, à partir de 1965, c’est lui sous le pseudo de Montgomery Wood), de spaghetti-thrillers, de films d’aventure de toutes sortes où l’humour est souvent présent. En France, il est surtout connu pour son rôle de Nicolas, amoureux de Michèle Mercier dans la série de La Marquise des Anges. Même si on l’a remarqué dans Le Guépard de Visconti (1962) sa présence dans un film de Comencini surprend. Mais Giuliano Gemma n’est pas qu’un beau gosse. Dans Le Désert des Tartares de Zurlini en 1976 il vole même la vedette à Jacques Perrin. Cependant sa nonchalance naturelle, son évident manque d’ambition font que l’on ne le retrouvera plus que dans des films sans volonté artistique. Même sa mort dans un accident de voiture est tristement banale. N’empêche, Comencini savait ce qu’il faisait : le couple improbable qu’il forme avec Stefania Sandrelli est bouleversant. Voir ou revoir aujourd’hui Delitto d’amore  procure une émotion intense.

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dimanche 24 mars – La fête du court – métrage

Dimanche 24 mars

au CinéGet de Revel

à 20h.30

Séance gratuite

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Le programme

LE DESHABILLAGE IMPOSSIBLE (Georges Méliès, 1900, 2’) Avant de gagner son lit, un homme se déshabille, mais de nouveaux vêtements apparaissent dès que les anciens sont enlevés

SOMEONE ELSE (Alexandre Degardin, 2018, 13’35) Avez-vous déjà souhaité devenir quelqu’un d’autre ? Quand il est arrivé à New-York, Titus Gandy a choisi de devenir le premier Naked Black Cow-Boy de Time Square

 

ATHLETICUS (Nicolas Deveaux, 2018, 2’15) L’important, c’est de participer…

BRÛLE (Nicolas Merle, 2021, 3’) Un matin très ordinaire dans la vie d’un citadin occidental. Un rituel de petits gestes anodins. À moins que…

LA COMPETITION SELON SPEEDY GONZALES (Adriana Ferranese, 2022, 11’55) Connaissez-vous les 24 heures de Vimoutiers ? Elles accueillent une course de voitures à pédales aussi loufoque que drôle. L’équipe Speedy Gonzales va-t-elle gagner ?

L’IMMORAL (Ekin Koca, 2021, 4’11) Un homme s’écroule dans un restaurant. Tous les clients sont sous le choc, sauf un

 

LA VIE N’EST PAS UN JEU (Quentin Ménard, 2021, 2’20) Le matin de Noël, Jeannette et son petit-fils mettent en jeu un ultime Banco dans une dernière partie de Loto-Bingo…

LE CERCLE D’ALI (Antoine Beauvois-Boetti, 2020, 15’02) Dans un Centre d’Accueil, Salman se prépare pour son audition devant la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA)

LE JOURNAL DES TRESORS (Robin Barrière, 2023, 2’40) Un petit garçon de 5 ans déjeune avec son père devant le journal TV. Ou quand le gris du quotidien est moins coloré que l’imagination d’un enfant

NON-ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER (Marc Faye, 2022, 3’06) La promulgation de la loi sur la non-assistance à personne en danger. Surprenant !

RÉINCARNÉS (Camille Charbeau & Hugo Brunswick, 2023, 2’20) Sur un parking désert, deux hommes attendent leur commande à un food-truck. Leur vie est sur le point de chavirer

LE SKATE MODERNE (Antoine Besse, 2014, 6’42) Un groupe de skaters fermiers dans les coins les plus reculés de Dordogne n’hésitent pas à rouler sur un environnement insolite et atypique

PETITE ÉTINCELLE (Nicolas Blanco-Levrin & Julie Ramboville, 2019, 3’08) Une petite souris vit au milieu des livres. Lorsque la bougie s’éteint, elle va se lancer dans une aventure à la recherche d’une petite étincelle

 

IMAGINE (Anna Apter, 2023, 2’06) Aucun enfant n’a fait d’heures sup. pour les besoins de cette vidéo car ils n’existent pas

L’ILLUSIONNISTE (Alain Cavalier, 1990, 13’) Antoinette, 86 ans, est une illusionniste passionnée. Après quelques tours, elle évoque des moments forts de sa vie

LES HUMAINS SONT CONS QUAND ILS S’EMPILENT (Laurène Fernandez, 2021, 4’35) Les petits tracas des voisins en communauté en s’empilant pourraient rendre fou

LE FIGUIER (Jimmy Conchou, 2022, 2’33) Une histoire parmi d’autres à propos de l’amour, du mariage et des fruits de la passion

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dimanche 10 mars – The Soloists et La jeune fille et l’oiseau

Ciné-Get Revel

Dimanche 10 mars – 20h.30

dans le cadre de la journée internationale

des droits des femmes

en collaboration avec-0-0-0-0-0-0-0-

1/ le court :

The Soloists de

Mehrnaz Abdollahinia, Razahk Issaka, Céleste Jamneck

 

07’57 ; film d’animation anglais, 2021

Une mise en scène éblouissante, pour un appel à la tolérance.

Dans un petit village régi par des lois ridicules, trois sœurs chanteuses et leur chien répètent pour le festival annuel d’automne. Mais un événement inattendu va bouleverser leurs plans.

Mehrnaz Abdollahinia, Razahk Issaka, Celeste Jamneck, Yi Liu et Feben Elias Woldehawariat sont les cinq cinéastes en herbe aux manettes de ce court métrage d’animation tout droit sorti des Gobelins, l’école de l’image parisienne, en 2021. Réalisé en 3D par ordinateur, il travaille avec précision les volumes, les éclairages, les couleurs, pour raconter la résistance à l’obscurantisme.

Film engagé, le récit s’ouvre sur une déclinaison des nombreuses interdictions dont les femmes sont victimes dans le monde. Ils se termine sur une citation : “Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte.” Elle est extraite de L’homme révolté d’Albert Camus.

Au moment où les femmes iraniennes se lèvent, cheveux au vent, ce film résonne fort. Les trois héroïnes chanteuses affrontent le monde et le patriarcat insensé, en osant pousser leur voix, faire du vélo ou posséder un chien. Elles finissent par faire de la triplette en enlevant une couche de vêtements au fur et à mesure de l’avancée et au fil des décors changeants. Liberté toute !

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2/LE FILM

LA JEUNE FILLE ET SON AIGLE

de Otto Bell

Documentaire; Royaume Uni, 2016, 1h 27 mn

Immense, rare, unique !

La Mongolie dans toute sa vertigineuse immensité. Tout y est hors norme. Les paysages, la rudesse du quotidien, la morsure du froid. Il y a aussi Aisholpan, une gamine de 13 ans au caractère bien trempé. Hors norme dans son propre pays où le dressage des aigles est une tradition perpétrée par les hommes depuis la nuit des temps. A force de persévérance, et soutenue par son père, elle parviendra à faire voler son oiseau au-dessus des préjugés.

 

 

 

 

 

 

Immensément salué à sa sortie en salle, ce documentaire réalisé à la force du poignet par un jeune réalisateur dont c’était le premier long métrage, était promis à un bel avenir. Sélectionné pour l’Oscar du meilleur documentaire, nommé aux BAFTA (l’équivalent britannique des Oscars ou des Césars), il caracolait en tête des pronostics. Et puis la polémique. Trop ‘scénarisé’, a-t-on dit. Ce que sont aujourd’hui beaucoup de documentaires. La première prise n’est pas forcément la bonne, il faut revenir, recadrer, attendre une nouvelle opportunité, notamment lorsque le thermomètre tutoie les – 40°C et que la caméra bloque.

 

 

 

 

 

 

On dit aussi qu’il y avait eu d’autres dresseuses d’aigles auparavant, que ce n’était donc pas une ‘première’. Possible. N’empêche, et n’en déplaise aux détracteurs, Aisholpan est bien la première fille à avoir participé au fameux festival des Aigles royaux, à Ölgii, et de surcroît à l’avoir remporté ! Et c’est elle que Otto Bell a voulu filmer, et nous montrer.

Alors ne boudons pas notre plaisir et prenons notre envol !

En attendant, le réalisateur a d’abord pris la route dans une camionnette pourrie, avec une toute petite équipe et un tout petit budget. Déjà une aventure en soi. Une aventure qui avait commencé au détour d’un visuel postée sur Face Book par le photographe Asher Sidensky. « Nom de nom » s’était écrié Bell en découvrant l’incroyable histoire de la petite Aisholpan.

Dans son costume de chasse traditionnel, un aigle sautant sur sa main tendue, Aisholpan ressemblait à une héroïne sortie des studios Disney ou Pixar. Pourtant, ce n’était pas un avatar de Power Girl, mais une vraie gamine qui crevait l’écran de son ordinateur. « Il faut en faire un film ! ».

 

Pas si simple. Non seulement il doit se rendre dans ce coin perdu des montagnes de l’Altaï, encore faut-il le faire à la bonne période, vu que pour dresser un aigle, il faut d’abord l’avoir capturé tout jeune dans son nid à flanc de précipice. Et ce dans les règles de l’art, sans effrayer ni la mère ni l’aiglon. Il n’y a qu’une petite fenêtre une fois par an.

Bell arrive au bon moment. Et il commence à tourner. Le dressage demandant plusieurs mois d’approche, d’entraînement à cheval, il reviendra plusieurs fois, de mieux en mieux équipé, notamment d’un drone sans lequel certaines prises n’auraient pas été possibles. Il engrangera ainsi des images uniques, certes, parfois cruelles comme celles de la traditionnelle chasse au renard. Le résultat : un joli conte féministe !

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